Message d’information

Pendant l'été

Les expositions et la Philharmonie des enfants sont ouvertes tout l'été. Le Musée est fermé pour travaux durant cette période.

En savoir plus

Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Symfolia - Épisodes 2 et 3 : Au cœur de la création d'un cerne

Publié le 04 juin 2024

— Symfolia - Épisode 2 : Au cœur de la création d'un cerne | Olympiade culturelle 2024

Rachel Marks déambule dans le musée de la musique.

Interaction de Rachel Marks avec Thierry Maniguet, Responsable scientifique de la conservation du Musée de la musique.

Rachel : Je voulais vraiment vous rencontrer parce que c'est important d’intégrer tous ces savoirs et toute cette histoire dans cet arbre.

Je fais cinq cernes différents pour représenter les cinq continents du monde.

Et comme il y a cinq différents types de familles d'instruments de musique, chaque cerne va aussi intégrer différents types de familles d'instruments de musique.

Et donc, je suis sur les cordes frappées.

Thierry : On considère que le piano a été inventé en 1700 et il avait un nom particulier : le “arpi cimbalo con piano e forte” et c'est vraiment intéressant parce que finalement “arpi cimbalo” ça veut dire “harpe clavecin”, mais qui fait le doux et le fort.

Et c'est ça qui est vraiment très important. Le doux et le fort.

Rachel : Comment les vibrations se font ?

Parce-que c'est à partir de ça, ici, la manette qui vient taper les cordes.

Thierry : Une corde, si elle était tendue sans rien, on ne l'entendrait pas.

Elle est trop fine, donc on est obligé en fait de la coupler à cette table qui est une forme d'amplificateur, parce que c'est pas la corde qu'on entend.

Ce qu'on entend, c'est ça, c'est la table ici.

Et donc ce qu'on entend, ce sont les vibrations de cette corde ici.

Rachel : Dans l'arbre et même dans mon process au final, il y a cette idée de grandiose, de quelque chose qui s’impose, et aussi quelque chose qui est délicat à la fois, qu'on retrouve aussi dans la nature au final.

Démonstration sonore de Thierry sur le piano.

Thierry : Mais là, ça donne un timbre particulier, un timbre plus délicat.

C'est plus rond. C'est doux...

Rachel : Oui.

Démontage du piano avec Philippe Debouche, chargé de maintenance à la Philharmonie.

Philippe : Alors pour démonter un piano, qu’est-ce qu’il nous faut... une boîte de tournevis, des pinces.

Voilà, on est prêt à y aller.

Est-ce que tu as déjà vu un piano ouvert ?

Rachel : Non. C’est magnifique.

Philippe : Et même si on était dans une salle de concert, tout naturellement, il aurait beaucoup plus de sons parce qu'il y a rien qui qui retient le son.

Donc...ça envoie très fort.

Sur un piano, il y a une tension assez phénoménale sur les cordes.

Ce qui veut dire que si, par exemple, tu as envie qu’on coupe les cordes pour les récupérer, il va falloir qu'on se protège et les mains et les yeux, et tout ce que... quand on les coupe, ça vole.

Rachel : Et du coup, maintenant, comment est-ce qu’on pourrait démonter, désosser ?

Philippe : Et bien on va aller chercher les outils. Et voilà, la première partie.

C’est un peu les entrailles du piano.

Rachel : Oui, oui, c’est les organes.

Philippe : Le piano, du coup, je peux faire ce que je veux. Là, ça ne fait plus de notes, il se passe plus rien. Du coup, je pourrais enlever tout ça, mais je pourrais...

Les cordes sont toujours là, elles sont toujours tendues et elles sont toujours accordées.

Donc, c'est toujours un instrument de musique.

Ce sont des branches ou des racines ?

Rachel : J'ai l'impression que c'est enfoncé des deux côtés. Cette pièce de bois, là.

Philippe : Je pense qu'elle tient par ça.

Rachel : Oui.

Rachel joue au piano.

Rachel : Je joue un peu.

Conçue au cœur de la Cité de la musique par Rachel Marks, Symfolia est une installation organique monumentale faite de papier, à l’initiative de l’association Inspired by KM fondée par Kylian MBappé. Dans ce nouvel épisode, nous suivons l’artiste plasticienne dans sa recherche menant à la création du troisième des cinq cernes qui trôneront au cœur de Symfolia

 

Une artiste en résidence à la Philharmonie

Rachel Marks est depuis le mois d'octobre 2022 en résidence à la Philharmonie de Paris dans le but de concevoir Symfolia, une œuvre mêlant musique et geste collectif dans une installation grandiose. Au cours de ces mois de résidence, Rachel Marks a pu rencontrer et dialoguer avec les professionnels de la musique, conservateurs du Musée de la musique, chargé de maintenance du parc instrumental, compositeurs sonores. Son travail et sa recherche artistique se sont nourris de ces expertises et de ces expériences partagées.

Le symbole de l’olympisme 

Les cinq cernes qui composent l’œuvre Symfolia représentent les anneaux olympiques, symbole de l'union des continents et de la rencontre des athlètes du monde entier aux Jeux Olympiques. Dans Symfolia ces cernes d’arbres lient les paysages et traditions de cinq continents à une famille d'instruments de musique. Comme des troncs alignés, ces souches font partie du même arbre ; les racines rassemblent toute l’humanité dans une origine commune. Les multiples rejets ou repousses qui partent depuis ces cernes d’arbres symbolisent la renaissance, la cyclicité de la vie, la résilience de la nature et notre rôle dans son évolution. L’œuvre raconte à sa manière le dialogue entre nos cultures et nos identités diverses.

— Symfolia - Épisode 3 : Au cœur de la création d'un cerne - Les papillons | Olympiade culturelle 2024

Rachel Marks rentre dans la boutique d'art Deyrolle.

La vendeuse montre un papillon : C'était ça que vous vouliez ? 

Rachel : Oui, c'est ça.

Vendeuse : Quelque chose comme ça.

En tout cas, qu’on est l’impression qu'en l'ouvrant, il soit à peu près comme ça.

Rachel : Exactement.

Vendeuse : Ok.

Donc, le mettre dans cette position pour que sec, il soit comme ça.

Rachel : Exactement.

Vendeuse : Ok, ça marche.

Rachel : Oui, du coup, il y a plusieurs symboles dans ce cerne, avec le papillon.

Dans le piano, en fait, on voit vraiment toutes les notes dans une octave et il y en a treize, de do à do.

Dans la nature, il y a ce chiffre treize qui revient, exactement. Dans le cycle de la lune, il y a treize lunes dans une année.

Et même la lune bouge de treize degrés chaque jour.

Vendeuse : Alors ça, je savais pas.

Rachel : Et ce papillon aussi.  Chez les femelles, il y a treize façons de...

Oui, que les taches puissent être représentées. C'est chouette.

Vendeuse : C'est incroyable, oui. Là, je pense qu'on est bien.

Rachel : Oui, on est vraiment pas mal.

Vendeuse : Comme si posé, voilà, il referme ses ailes.

Rachel : Exactement...

Vendeuse : Il butine.

Rachel : C’est beau, c'est comme si les papillons revivaient dans cette boîte.

Vendeuse : Oui, ils reprennent mouvement, on va dire.

Rachel : Après, je veux bien que vous me montriez d'autres papillons qui viennent d'autres continents, parce que dans chaque cerne, il y aura un papillon qui vient de chaque continent.

Vendeuse : Je vous ai pris un petit papillon d'Asie du Sud-Est, qui vient des Célèbes.

Donc je ne peux jamais toucher un papillon avec les doigts.

En tout cas pas les ailes, puisque il y a des écailles qui sont très fragiles.

Rachel : J'adore, parce que c'est à la fois super délicat et très fort en même temps,

Vendeuse : C'est ça, oui.

Rachel : Vous m’avez dit, la dernière fois, que les papillons que je vais mettre dans le cerne viennent d'une collection...

Vendeuse : D’une ancienne collection... Oui, exactement.

Rachel : Et je trouvais ça très poétique, parce que les livres que j'utilise... 

Sont aussi des livres anciens et nous aussi.

Retour à l'atelier de Rachel Marks.

Rachel : Là, ce cerne-là, il représente le continent de l'Afrique.

Je voulais reprendre le motif qui est déjà installé dans le piano qui est ici.

6 semaines plus tard. Rachel manipule un œuf. 

Rachel : Donc ouvert... avec douceur.

Et puis ensuite, je perce juste ici. Je vais en prendre un tout petit peu, et je vais mélanger au fur et à mesure pour créer de la peinture.

C'est avec avec ça que je vais trouver des couleurs différentes.

Rachel peint le cerne.

Rachel : Mais par contre, dans ce travail-là, dans ce cerne, tout est blanc, et c'est parce que dans les anneaux des Jeux Olympiques,

le continent africain est représenté par la couleur noire, mais c'est super important pour moi de ne pas déranger la couleur d'origine des livres.

Parce que comme il n'y a pas beaucoup de livres avec des tranches noires, il fallait être créative.

Donc ici, on retrouve quand même le noir dans tous les mots. A mon avis, il faudrait que je revienne avec plus de colle, etc pour en remettre...

J'adore ça, ces éléments très noirs.

Ça, par exemple, c'est sublime.

Ça c'est super.

Peut-être que personne ne va voir ce détail-là, mais moi, je sais que c'est là.

Moi, je sais que ça existe et j'aime beaucoup, beaucoup ça...

de cacher un peu des moments de poésie, de beauté.

Est-ce que quelqu'un va le retrouver ou pas ?

Mais sinon, ce n'est pas grave, il est là quand même.

Si je pouvais créer ça en une journée, ça serait pas juste.

Là, on créé justement pour être en lien plus avec avec le sujet.

C’est une recherche en permanence, donc, je pense que le fait que ça me prenne énormément de temps, c'est ma façon de m'approcher de la nature et la nature qui est à l'intérieur de moi-même aussi.

Et on trouve au fur et à mesure...

Au tout début, je n'arrivais pas trop à avoir plus de matière, et là je trouve petit à petit comment manipuler les cendres.

On dirait de l'écorce d'arbre.

Les papillons

Pour Rachel Marks, le motif du papillon est très important. Il évoque dans ce cerne noir le cycle de la nature, mais aussi la notion de communauté et de rassemblement. Les papillons monarques, notamment, sont célèbres pour leurs migrations de grande ampleur sur le continent américain, où ils se déplacent par groupes sur des distances pouvant atteindre plusieurs milliers de kilomètres, et se retrouvent au cœur d’une forêt.


Projet présenté par Rachel Marks, la fondation IBKM et la Philharmonie de Paris, avec le soutien de la Fondation Signature, mécène principal de la Philharmonie de Paris pour le projet Symfolia. Ce projet a reçu le label Olympiade Culturelle.