Figure magnétique de la musique de notre temps, Pascal Dusapin donne un nouveau témoignage de sa fascination pour l’Antiquité avec son « opératorio » Antigone, serti dans l’écrin scénique que lui offre Netia Jones. 

Personnage de tragédie incarnant la force d’une piété archaïque contre la loi des hommes, Antigone est devenue, on le sait, une héroïne chérie des Modernes : en France, Cocteau et Anouilh en ont fait le symbole même de la résistance, avant que le féminisme ne l’intronise en figure de lutte contre l’oppression patriarcale.

C’est dire si ce personnage fascinant avait de quoi tenter Pascal Dusapin, qui a démontré, avec ses œuvres consacrées à Médée et à Penthésilée, son intérêt pour les grandes héroïnes de la mythologie. Compositeur de la musique mais aussi du livret, il a choisi, pour cet « Opératorio » contemporain, de s’appuyer sur la version classique de Sophocle telle qu’elle fut traduite, en allemand, par Friedrich Hölderlin. Un fil se tisse ainsi, de la tragédie antique à la musique la plus actuelle, qui passe par le romantisme allemand, et c’est de cette synthèse, très personnelle, que naît la force singulière de l’œuvre. 

La mise en scène de Netia Jones, incluant un dispositif vidéo, magnifie les moments forts de la partition, tels que le monologue « Oh mir ! », et soutient magistralement une partition constamment expressive, sous haute pression.