À la tête du Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst fait voisiner le Schubert le plus léger et éblouissant et un Prokofiev aux deux visages : féerique avec le Concerto pour violon n°1 joué par Julia Fischer, démoniaque avec la Troisième Symphonie.

Composée en seulement quelques jours en 1815 – année particulièrement fertile pour Schubert –, la Troisième Symphonie est l’œuvre d’un compositeur de dix-huit ans. Allégresse pleine de légèreté, grâce et élégance (Allegretto) et rythmes robustes (Menuetto) laissent le champ libre à un finale d’une éblouissante vivacité. Dérivée de son opéra L’Ange de feu, un concentré de magie noire et de sorcellerie, la Troisième Symphonie de Prokofiev captive par son atmosphère parfois irrespirable, ses moments de poésie, ses effets de masse impressionnants, ses jeux de timbres recherchés (les glissements fantomatiques des cordes de l’Allegro agitato). Moment de féerie pure, le Premier Concerto pour violon montre le créateur russe, inventeur de mélodies à l’extrême sensibilité, à l’apogée de son lyrisme.