La Légende de Joseph confie à la danse le soin de traduire les tortures de la foi et du désir, quand le Concerto pour violon impose sa juvénile vitalité. Deux œuvres de jeunesse en miroir du chef-d’œuvre mystique et testamentaire de César Franck.  

Inspiré de l’épisode de la femme de Putiphar dans L’Ancien Testament, La Légende de Joseph est originellement une musique de ballet sur un argument de Hofmannsthal, créée en 1914 et dont Strauss tira une pièce symphonique en 1947. Après cet hymne à la danse, le Concerto pour violon nous ramène vers un compositeur âgé d’à peine dix-sept ans, encore sous l’influence de Brahms et Mendelssohn. De coupe classique, l’œuvre s’ouvre, sous l’archet de Renaud Capuçon, sur un Allegro grandiose, préludant à un Lento plus intimiste et effusif, puis à un Rondo énergique, rayonnant de virtuosité violonistique.

Elle aussi classique par sa forme, la Symphonie en ré mineur de Franck est en revanche une œuvre tardive, et même testamentaire. Au fil de trois mouvements qui sont autant de démonstrations d’écriture, le compositeur livre la quintessence du principe « cyclique » qui le caractérise, cheminant vers une conclusion à la grandiose solennité, dans l’esprit à la fois communautaire et liturgique du choral.