Sous Louis XIV, l’Office des Ténèbres constituait un des grands rendez-vous liturgiques de la Semaine sainte. Marc-Antoine Charpentier en a cristallisé le traitement musical en neuf leçons, trois pour chaque journée sainte, et en a produit 31.

Véritable « figure imposée » des musiques de la Renaissance puis du Baroque, ces Offices se composent des Lamentations de Jérémie chantées (les fameuses « Leçons »), de commentaires de Saint Augustin sur les Psaumes et des Épîtres aux Corinthiens de Paul. De 1670 à 1692, ce ne sont pas moins de trente-et-une Leçons de Ténèbres que Marc-Antoine Charpentier compose, dont il ne subsiste hélas aujourd’hui plus aucun cycle complet. Ce qui nous est parvenu n’en constitue pas moins un indubitable sommet, dégageant pour l’essentiel une austérité saisissante et pourtant lumineuse – ce qui, bien sûr, est un attendu du genre. Car, pour les trois derniers jours de la Semaine sainte, le service était célébré au cœur de la nuit, d’où le terme de « Ténèbres ».