Matthias Pintscher et l’Ensemble intercontemporain mettent en perspective deux représentants de la génération montante de compositeurs, l’Italienne Clara Iannotta et le Français Pierre-Yves Macé, avec l’une de leurs figures tutélaires, Helmut Lachenmann.

Non content de s’emparer de la corporéité du jeu instrumental, et d’explorer ce qu’il appelle « musique concrète instrumentale », Helmut Lachenmann aime se jouer de nos attentes programmatiques. Ainsi, quand il annonce un « Concertini », le compositeur nous prévient d’emblée que ce n’est que pour mieux nous « induire en erreur » : ce titre, écrit-il, « nous promet une série de situations ‘concertantes’, mais l’œuvre répond à cette attente tout au plus par des irritations. » Pour Lachenmann, le traitement concertant de son matériau musical si singulier relève d’« égarements, si l’on veut, au sein d’un labyrinthe qu’on a soi-même construit et qui est placé cependant à l’intérieur d’une grille temporelle stricte – que l’on traversera comme un sourcier, à la recherche de… ». Résultat : un concerto « gratté » et multiple, pour six groupes d’instrumentistes répartis autour du public, qu’il faut vivre plus encore qu’écouter. Ce n’est certainement pas Clara Iannotta qui renierait cette manière d’appréhender la musique : se posant la question de ce que signifie l’écriture d’un nouveau concerto pour piano aujourd’hui, elle préfère traiter l’instrument soliste en faisant un pas de côté et en travaillant sur des qualités qui ne lui sont pas propres : allonger la longueur des notes tenues, varier le timbre d’un son pendant qu’il est joué, imaginer des résonances indépendantes des touches activées… Quant à Pierre-Yves Macé, une plongée dans son Rumorarium remettra certainement le murmure du monde musical en perspective : ses « rumeurs » musicales ne sont autres que ces chants d’amateurs postés sur YouTube et quelques bribes de chansons populaires, « une forme d’énonciation musicale anonyme, générique, indifférenciée »…