Maître du répertoire germanique, en particulier de l’œuvre de Bach, qu’il parcourt inlassablement depuis un demi-siècle, András Schiff se confronte à L’Art de la fugue, partition aussi monumentale qu’énigmatique.

Si le pianiste d’origine hongroise a depuis longtemps fait de Mozart et Beethoven son pain quotidien, Bach reste son créateur d’élection. « Chaque interprète doit décider lui-même comment il va jouer Bach. La beauté de Bach est la liberté qu’il nous donne », a-t-il pu déclarer. L’Art de la fugue nous donne le meilleur exemple de cette quête de l’interprète. Élaboré dans les années 1740, cet ensemble resté inachevé de quatorze fugues et quatre canons, écheveau aussi complexe que mystérieux, immense construction d’une étonnante audace harmonique, constitue un des plus grands défis qui puissent se poser à un musicien. Qui mieux pour le relever qu’András Schiff, pianiste aguerri aux plus grands chefs-d’œuvre ?