Ce projet de carte blanche a commencé avec Édouard Fouré Caul-Futy, quand on a commencé à discuter, qu’il m’a dit : « On aimerait te donner carte blanche sur 2-3-4 jours ». J’ai commencé à imaginer un projet où on pouvait présenter différents aspects de la guitare, de l’instrument, et surtout dans des lieux différents c’est-à-dire qu’ici on a quand même la chance d’être à la Philharmonie de Paris où on a la Grande salle Boulez, la Cité de la musique et le Musée. Moi je voulais vraiment investir les trois lieux.

Pour moi c’est le grand paradoxe de la guitare, le fait que le répertoire soit absolument méconnu avec un instrument qui est peut-être l’instrument le plus populaire de tous. Faire un événement dans un endroit comme la Philharmonie c’est aussi une façon de rendre populaire non pas l’instrument qui l’est déjà mais aussi son répertoire.

On a cet événement du 2 avril qui aura lieu dans la Grande salle Boulez avec les concertos pour guitare, avec trois artistes : Yamandu Costa, Ana Vidović et moi-même.

Le deuxième événement, le 5 avril, aura lieu dans la Salle des concerts de la Cité de la musique, où je donnerai un récital. En première partie, il y aura un orchestre de guitares qu’on a créé spécialement pour l’occasion. On a même commandé une œuvre qui sera une création mondiale. Quand on a imaginé cette idée de première partie de récital, je me suis dit que faire un orchestre de guitares serait super car on a la chance d’avoir une grande salle, et puis je voulais faire aussi un projet pédagogique, c’est-à-dire se faire rencontrer des élèves, des étudiants, qui puissent jouer ensemble, partager un moment. Donc il y aura 70 guitaristes qui participeront à l’orchestre. Ce sera une expérience où je vais les diriger moi-même. Je ne suis pas chef d’orchestre, donc j’apprends les rudiments de la direction. C’est très intéressant pour moi. On a fait écrire une œuvre par Leo Brouwer pour cet évènement. Je trouve qu’on a une équipe formidable, que ce soit du côté des professeurs ou de la Philharmonie, et c’est ça qui fait que ça se passe bien.

Le dernier jour, ce sera le 6 avril, on sera dans le Musée de la musique. Je trouve que c’est une chance immense de pouvoir faire entendre les instruments qui sont ici au Musée, qui sont certes des instruments de collection mais aussi un témoignage musical artistique. Il y aura une conférence de Erik Pierre Hofmann, le 6 avril matin, qui nous parlera de l’histoire de la guitare. Et surtout – ce qui est magnifique –, ce sera illustré sur des instruments du Musée. Lors de ce concert qui aura lieu au Musée, autour de cette conférence, les guitares seront jouées par les étudiants du CNSMD de Paris. Quand on découvre un instrument, surtout un instrument d’époque, il faut un petit peu de temps pour s’adapter. Pour moi, il faut s’apprivoiser. C’est comme entre deux personnes : on se rencontre, parfois ça matche tout de suite, parfois il faut un peu de temps pour se découvrir. Les instruments, c’est ça. Et comme ce sont des instruments  aussi construits à une époque différente, avec des factures différentes, ils sonnent différemment et le répertoire qui a été composé est aussi différent. Donc peut-être qu’il faut trouver les bonnes œuvres à jouer dessus.  Lors de ce concert-conférence, il y aura en effet quelques guitares que j’ai déjà jouées,  notamment une Garcia, une Torres, et une Santos Hernandez. Je voulais qu’elles soient présentes car ce sont des instruments absolument exceptionnels et je pense que le public doit les entendre.

Dans le choix du répertoire sur les trois événements, l’idée était vraiment d’avoir des choses adaptées, autrement dit quand on est au Musée, quand on a les guitares du Musée, on va essayer de rapprocher le répertoire des instruments qui ont été fabriqués à cette époque-là. On va être dans une teinte latine très forte de manière générale qui colle avec l’histoire de l’instrument évidemment, mais avec ce mélange de classique et de nouveau.