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Mika : « La musique classique m’a sauvé »

Publié le 01 septembre 2021 — par Simon Buisson

— Mika (2015) - © Antoine Saito

Abolissant les frontières entre la pop et le classique,  Mika réconcilie deux univers.  Il propose un voyage musical merveilleux  et invite à partager son histoire intime.

— Mika, Life in Cartoon Motion

Avant Life in Cartoon Motion, avant The Origin of Love, avant My Name Is Michael Holbrook, il y a eu Schubert, Brahms, Britten… Harcelé et humilié par un système scolaire qui ne lui correspondait pas, Mika trouve très tôt refuge dans la musique classique. Initié par une vieille professeure de chant russe, il chante et joue du piano jusqu’à pleurer d’épuisement. Trois mois plus tard, il est recruté comme choriste à l’Opéra Royal de Londres dans La Femme sans ombre de Richard Strauss. Covent Garden, ses dorures et ses tentures rouges deviennent synonymes de liberté pour le petit garçon différent. Les cassettes audio qu’il classait par couleur et les maquettes de théâtre qu’il collectionnait ne font qu’un quand il se présente sur la grande scène à l’âge de 8 ans. Mika a trouvé sa « voix ».

 

La musique, source de joie

À l’adolescence, il est reçu au Royal College of Music. Une admission qu’il arrache en attendant devant sa voiture le directeur des études vocales afin de le convaincre. Le jour, Mika écoute, fait ses gammes dans l’univers policé du conservatoire. Un de ses professeurs le surnomme même « le muet ». Ses endroits préférés sont le couloir des salles de répétitions d’où monte l’écho des instruments et la bibliothèque. La nuit, l’élève silencieux s’enivre de rock et d’électro dans les clubs de Soho et Camden. Dans sa tête résonnent aussi Nina Simone, Serge Gainsbourg, Fairouz, Oum Kalthoum et tant d’autres génies qu’il écoutait en famille, le volume au maximum. La musique, ce talisman qui protège des galères, des problèmes, cette source d’énergie, de joie…

« Trop mélodique pour la pop, pas assez classique pour le classique », selon ses propres mots, Mika sait qu’il ne sera pas chanteur d’opéra. Alors, comme un agent infiltré réconciliant deux univers, il écrit des chansons qu’il sera le seul à pouvoir chanter. Craignant de se faire virer si son projet s’ébruite, le jeune homme embarque dans son aventure son amie la soprano Ida Falk-Winland, une violoncelliste, un trompettiste, un percussionniste, tous rencontrés au Royal College. Dans le plus grand secret, ils enregistrent les premières maquettes, celles qu’il finira par présenter à une maison de disque et interpréter sur les plus belles scènes de la planète.

Quatorze ans plus tard, Mika abolit une nouvelle fois les frontières de la pop et du classique. Après un premier récital au majestueux Opéra royal de Versailles en décembre 2020, il fallait un écrin comme la Philharmonie de Paris, lieu de création et de transmission, ouvert à toutes les musiques et ses amoureux, pour accueillir un tel projet, né dans une période déstabilisante qu’il a transformé en champ des possibles.

— Mika, "Love Today" à Versailles

Casser les codes

Grâce aux arrangements malicieux de Simon Leclerc qu’il retrouve six ans après une première expérience à Montréal, la pop star réinvente ses tubes en compagnie de l’Orchestre national d’Île-de-France et du Chœur Stella Maris dirigé par Olivier Bardot. L’occasion unique de redécouvrir le souffle entrainant de « Love Today », la douceur enveloppante d’« Happy
Ending » ou bien encore la facétie gourmande de « Lollipop ».

Plus qu’un retour aux sources, ce concert symphonique est un voyage dans l’histoire intime de son interprète. Un voyage au cours duquel se rencontrent plusieurs genres, plusieurs cultures. Un voyage merveilleux comme seul Mika sait les créer, guidé par sa curiosité et son envie de casser les codes. C’est enfin un hommage à sa mère Joannie, décédée en janvier, à la fois si exigeante et si tendre, qui a tracé pour son fils le chemin du bonheur et de la réussite : rester soi-même.

— Mika, "Lollipop"
Simon Buisson

Simon Buisson est rédacteur en chef adjoint dans l'audiovisuel.