Message d’information

Fermeture

Le Musée est fermé pour travaux jusqu’au 4 novembre ; l’exposition Metal reste ouverte.

En savoir plus

Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Week-end Maliphonies

Publié le 25 juin 2024

— Maliphonies - © Benoit Peverelli

D’hier à aujourd’hui, de la faste tradition des griots – emblématique de l’Afrique de l’Ouest – à la grande chanteuse contemporaine Fatoumata Diawara, le week-end Maliphonies invite à traverser en trois concerts le riche territoire musical du Mali.

Intitulé Nuit des griots, le concert d’ouverture (20 septembre, 20h) met à l’honneur ces protagonistes essentiels – à la fois historiens, médiateurs, sages, poètes et musiciens – de la culture traditionnelle des pays d’Afrique de l’Ouest. Porteuse d’une aura magique, la parole des griots s’incarne ici à travers le grand comédien malien Habib Dembélé (également écrivain et metteur en scène). Sa voix intense s’élève en dialogue fervent avec des compositions interprétées par des musiciens originaires de trois pays voisins – dont le Ballaké Orkestra, ensemble malien de koras mené par Ballaké Sissoko, Osei Korankye, illustre joueur ghanéen de seperewa (luth-harpe proche de la kora), et un ensemble guinéen de flûtes peul (flûtes traversières à trois trous). Une conférence relatant Une histoire des griots est proposée – en accès libre – avant le concert.

— Maliphonies | Entretien avec Ballaké Sissoko

Maliphonies | Entretien avec Ballaké Sissoko

J'ai beaucoup écouté le flamenco, la musique indienne. Donc c'est pour cela que je fais des trucs comme ça.

Mais quand je joue comme ça, là c'est flamenco !

Apprentissage de la kora

Dans le pays ou dans le village, il y a des chefs de famille. Le porte-parole, c'est le griot. 

Il y a aussi des gens qui ne font que la musique. C'est pour arranger la société entre le roi et la population. S'il y a un mariage, on s'occupe de tout ça.

Mon grand-père maternel m'a beaucoup initié.

J'ai perdu mon père à l'âge de 13 ans. Je suis parti au Sénégal chez mon grand-père pendant un certain temps. C'est donc grâce à lui que j'ai appris beaucoup de choses.

L'apport de la culture malienne 

Au Mali, il y a énormément d'ethnies. On ne parle même pas le même langage. 

Certains parlent songhay, dogon, et ainsi de suite. Donc là, j'ai été à bonne école.

J'entendais plein de sonorités qui n'ont rien à voir avec la mélodie mandingue. Chaque ethnie a sa culture musicale. Donc là, j'ai la sonorité, je capte plus vite certaines choses. C'est ça qui m'a facilité la connexion avec les musiciens occidentaux.

Influence des autres pratiques musicales

J'ai beaucoup écouté le flamenco, la musique indienne. Donc c'est pour cela que je fais des trucs comme ça.

Mais quand je joue comme ça, là c'est flamenco !

L'accordage de la kora 

Avant, nous étions accordés entre fa dièse et fa. Donc, ce n'est pas très net. Les balafons sont accordés de la même manière et à l'oreille. Là c'était entre fa et fa dièse. 

Et dans la culture, comme avec les balafons, on accorde une seule fois. Donc, on peut s'accorder. 

On est obligés de s'adapter avec le balafon. Cela compte beaucoup.

J'ai eu pas mal d'expérience à ce sujet. En  effet, avec d'autres cultures musicales, je n'ai pas les notes mais j'ai toujours un système pour m'adapter. J'échange à ce sujet avec les luthiers à propos de ce que je veux.
L'objectif est de me faciliter l'accordage.

Influences et collaborations 

Je veux faire connaissance sur le long terme afin de développer les choses ensemble. 

C'est pour cela, qu'en France, je travaille avec Vincent Ségal depuis une vingtaine d'années. En Italie, je collabore avec Ludovico Einaudi depuis presque une trentaine d'années. De même, c'est grâce à Vincent que j'ai connu beaucoup de musiciens classiques en France. Il m'a fait découvrir plein de choses. Je le considère comme un frère, il connaît toute ma famille, moi aussi. Il a même sa chambre chez moi ! On partage vraiment plein de choses.

Transmettre l'art de la kora

Je ne vais pas forcément transmettre qu'à mes seuls enfants.

Non, la porte est grandement ouverte à tout le monde. Je suis là pour conseiller.

Chacun a quelque chose à développer. 
Non, on ne dénature pas une tradition, on la respecte beaucoup. Il y a l'évolution aussi. Je parle aux jeunes.

On vit dans la musique. Donc, il faut aimer pour avoir une bonne oreille musicale. À l'époque, on disait que seuls les griots qui pouvaient jouer. 

Au contraire, j'ai ma tradition, mais  si quelqu'un veut l'utiliser, il n'y a pas de problème, je lui montre. 

Beaucoup de jeunes ne viennent pas d'une famille de griots, d'une famille de musiciens, donc là c'est l'amour...

Crédits

Maliphonies

Du vendredi 20 septembre 2024 au dimanche 22 septembre 2024

Musique : Ballaké Sissoko

Entretien : François Bensignor

Réalisation : Maxime Guthfreund et Aurélien Kalasz

Copyright : Cité de la musique – Philharmonie de Paris, 2024

On retrouve Habib Dembélé aux côtés de Ballaké Sissoko et de son ensemble de koras pour La Balade de Guimba, concert dominical en famille (22 septembre, 16h). Avec autant de verve oratoire que de puissance vibratoire, ils transmettent au public plusieurs contes initiatiques – à la fois poétiques et philosophiques – en provenance du Mandé, région d’Afrique de l’Ouest actuellement comprise entre le sud du Mali et l’est de la Guinée.

Ce week-end transversal dédié au Mali s’achève avec un concert (22 septembre, 20h) de Fatoumata Diawara. Chanteuse, guitariste, autrice-compositrice, dont les talents éclatants se sont révélés dès son premier album (Fatou, 2011), celle-ci apparaît aujourd’hui comme une ambassadrice musicale majeure du continent africain, très engagée, en particulier pour la cause des femmes. Accompagnée par l’orchestre Ostinato (qui réunit de jeunes instrumentistes sortant des meilleurs conservatoires de France), elle présente ici une version scénique inédite de son récent album Maliba (2022), conçu comme une chatoyante – et chavirante – traversée en sept chansons du Mali, son pays natal, de Bamako à Tombouctou.

— Fatoumata Diawara – Maliba