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Week-end Temps suspendu

Publié le 11 septembre 2023

— Temps suspendu - © Thérèse Verrat & Vincent Toussaint

Dodo Tharaud, Nuit chamanique, Nuit du raga, Philip Glass : de la transe au sommeil, un week-end d’expériences singulières.
— Lucie Antunes - Lāska (Live Version)

Certaines œuvres musicales durent à peine le temps d’un instant: neuf mesures pour un morceau de piano; douze minutes, un opéra entier. D’autres jouent au contraire le jeu du temps long, voire d’une forme de monumentalité qui s’avère bien souvent rituelle. Une excursion hors des limites de la musique occidentale donne des exemples de ces temps étirés que l’on peut également trouver dans la musique dite «classique». Les râgas indiens, qui sont des cadres mélodiques, sont liés à des sentiments, des saisons ou des moments du jour, et leur exécution complète peut varier de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures. La soirée que la Philharmonie de Paris dédie au râga (le samedi) lors de ce week-end «Temps suspendu» se déplie ainsi sur sept heures de temps et donne l’occasion d’apprécier certains de ses plus grands interprètes, au fil de cinq concerts enchaînés où se côtoient différentes générations.

La veille, la percussionniste Lucie Antunes explore elle aussi le lien entre rite et temps étiré, avec une nuit chamanique agrémentée de plusieurs invités, dont des partenaires du label féministe Crybaby (Léonie Pernet, Franky Gogo), ou encore le chanteur Piers Faccini, entre folk et blues. Le jeudi, le vendredi et le samedi soirs, Alexandre Tharaud propose de nouvelles sessions de ses «Dodo Tharaud», où le public, allongé dans le noir, est invité à se rendre totalement disponible à l’expérience hors du temps que proposent le pianiste et ses invités. Entre théâtre, musique et performance, le Spectacle en famille «Pleine lune» prend également le parti de l’obscurité afin d’aiguiser notre ouïe, mais aussi nos sens de l’odorat et le toucher.

Autres transes, celles des minimalistes ou de l’ambient music d’un Brian Eno. Bruce Brubaker, interprète renommé de la musique de Philip Glass, revisite au piano le répertoire de cet inclassable «non-musicien» (comme se définissait Eno). Le Philip Glass Ensemble, fondé en 1968 afin de développer une pratique d’interprétation répondant aux exigences techniques et artistiques de la musique de Glass, donne le dimanche l’intégralité de la Music in Twelve Parts. Composée au début des années 1970 pour six claviers, trois instruments à vent et trois voix (les «douze parties» de son titre), celle-ci est l’une des œuvres fondamentales du compositeur ainsi que du mouvement minimaliste en général.