À l’opéra, ils sont tantôt les méchants, tantôt les amis, tantôt les pères. Avec leur voix grave et profonde, les barytons et les basses ont tout pour séduire les oreilles les plus exigeantes !
Baryton lyrique, à lui la mélodie
Chez les hommes, la voix la plus répandue est celle de « baryton Martin ». Pourtant, peu de rôles lui sont réservés ! Son nom fait écho à celui du chanteur du XVIIIe siècle Jean-Blaise Martin. Située à la frontière entre la voix de ténor et la voix de baryton, elle peut sembler plutôt aiguë. Il faut chercher du côté de l’opéra français et du Pelléas de Debussy (1902) pour en trouver l’un des exemples les plus frappants.
Le baryton lyrique a quant à lui une voix suave et mélodieuse. Elle n’est d’ailleurs pas tellement éloignée de celle du ténor dramatique. Elle met en valeur les personnages joyeux, parfois alliés du héros ou de l’héroïne. Marcello (La Bohème de Puccini), Mercutio (Roméo et Juliette de Gounod) et Valentin (Faust de Gounod) en sont quelques exemples. Jean-François Lapointe et Thomas Hampson figurent parmi leurs interprètes.
Le baryton lyrique s’approprie également des personnages plus sombres comme Zurga dans Les Pêcheurs de perles de Bizet.
Le baryton Verdi, grand rival du ténor
Comme son nom l’indique, le baryton Verdi bénéficie d’un large répertoire chez le maestro italien. À la fois ronde et puissante, sa voix peut aussi contre toute attente atteindre des notes très aiguës comme le la, notamment dans Otello. Verdi lui a offert quelques rôles titres comme ceux de Rigoletto ou Simon Boccanegra. Parmi ses interprètes, on compte notamment Leo Nucci et Piero Cappuccilli.
Avec ses rôles d’ampleur, le baryton Verdi vole quelquefois la vedette au ténor ! Il est ainsi Germont dans La Traviata, Le Comte de Luna dans Le Trouvère, Renato dans Un bal masqué. Ludovic Tézier en est aujourd’hui l’un des plus grands représentants.
Baryton-basse, une voix pour les méchants !
Située à la frontière des deux registres, cette voix est chaleureuse et profonde. La plupart du temps, les compositeurs lui confient des rôles d’envergure. Si le baryton-basse incarne parfois des rôles débonnaires comme celui de Figaro dans Les Noces de Figaro de Mozart, il est la plupart du temps celui qui vient briser le destin des héros. Il peut être un criminels, comme Don Giovanni chez Mozart et Boris Godounov chez Moussorgski.
Viennent ensuite les manipulateurs avec Scarpia dans Tosca de Puccini et le redoutable Méphistophélès dans La Damnation de Faust de Berlioz et Faust de Gounod.
Ce type de voix peut être rapproché de celle de la basse chantante, au timbre légèrement plus grave mais non moins suave. Encore une fois, c’est chez Verdi qu’on la rencontre le plus souvent, notamment dans le rôle de Philippe II de Don Carlos.
La basse bouffe, drôle mais virtuose
Si sa tessiture est à peu près la même, à l’inverse de la basse chantante, la basse bouffe est réservée aux personnages comiques, légers. Et si le lyrisme caractérise la première, la seconde brille davantage par sa virtuosité. Ce sont surtout les rôles de bel canto qui la mettent en valeur, comme Don Pasquale chez Donizetti et Mustafà dans L’Italienne à Alger de Rossini.
La basse profonde, entre respect et terreur
Le Commandeur (Don Giovanni de Mozart), Sarastro (La Flûte enchantée de Mozart)… Les personnages de fantôme ou de grand prêtre sont pour elle ! Sombre, solennelle, la basse profonde est la voix masculine la plus grave. En raison de ses nobles accents, on lui attribue souvent des rôles de personnages sacrés. Les chanteurs qui la possèdent revêtiront donc par exemple les habits de Ramfis, le grand prêtre d’Aïda de Verdi, du Grand Inquisiteur de Don Carlos de Verdi et de Sénèque dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi. Parmi leurs interprètes, on peut citer Matti Salminen, Kurt Moll et James Morris. Face à leur profondeur, il y a de quoi trembler !