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Les hits de Kurt Weill (2)

Publié le 19 février 2020 — par Pascal Rozat

© DR

Composé en 1938 pour la comédie musicale Knickerbocker Holiday et créé par Walter Huston, « September Song » se présente comme une ballade mélancolique séduisant les jazzmen de tous horizons.

 

Empreintes d’une langueur automnale, les volutes mélodiques de « September Song  » épousent la souple ductilité de la voix de Sarah Vaughan, qui l’enregistre dès 1947 et en donne une version sans doute définitive en 1954 aux côtés de Clifford Brown.

 

Contrastant avec la riche ornementation de Sassy, Ella Fitzgerald en livre pour sa part une lecture en piano-voix d’une sobriété et justesse de ton absolues, qu’on pourrait rapprocher de celle de Chet Baker, soufflée au plus près de la mélodie.


 

 

 

Si Django Reinhardt l’enregistra plusieurs fois à partir de 1947, on retiendra ici la version de 1953 gravée au crépuscule de sa vie, d’une poésie rêveuse qui tranche avec la véhémence quasi expressionniste d’un Sidney Bechet.

 

 

En 1951, Stan Kenton s’amuse à faire chanter le thème à l’unisson par ses musiciens (qui, paraît-il, détestaient ça !), mais c’est finalement avec la vocaliste June Christy et l’ensemble vocal The Four Freshmen (inspirateurs des Beach Boys) qu’il en tirera le meilleur quelques années plus tard.

 

Du côté des pianistes, Art Tatum passe la composition au prisme de son imagination harmonique débridée et de sa proverbiale virtuosité, là où John Lewis l’aborde au contraire avec un luxe de retenue.

 

 

Parmi les versions plus surprenantes, citons encore celle du fameux quintette de Chico Hamilton, dont l’arrangement sophistiqué, entièrement écrit, fait la part belle à la clarinette de Paul Horn et au violoncelle de Fred Katz, dans une veine très chambriste.

 

Enfin, impossible de ne pas évoquer le traitement de choc que lui fait subir James Brown avec le big band de Louie Bellson, passant les sanglots longs de l’automne à la moulinette d’un groove funky en diable, non sans prendre quelques sérieuses libertés mélodiques et harmoniques avec l’original. Good God !

 

Pascal Rozat

Journaliste à Jazz Magazine, Pascal Rozat développe également des activités de programmateur ainsi que de producteur sur France Musique.

Photo © Jean-Baptiste Millot