La contrebasse passe la majeure partie de son temps au fond de l’orchestre, derrière les violoncelles. Mais comme les autres instruments à cordes, il lui arrive d’occuper le devant de la scène.
La contrebasse n’est pas réputée pour être un instrument soliste. Éternelle accompagnatrice, dans l’orchestre, elle se contente le plus souvent de doubler le violoncelle à l’octave inférieure. Elle n’a quasiment jamais la mélodie, et ses moments de bravoure ou de solo sont rares. Est-elle donc vraiment le « Quasimodo de l’orchestre », comme le prétend le héros de la pièce de Patrick Süskind La Contrebasse ? N’a-t-elle pas elle aussi le droit de briller ?
Quelques moments de gloire à l’orchestre
La plupart du temps, la contrebasse se contente de doubler les violoncelles à l’octave inférieure. Mais il lui arrive d’endosser un rôle tout spécialement conçu pour elle. À la fin de Don Giovanni de Mozart, on doit à ses graves l’atmosphère puissante et sinistre qui se dégage de l’air du Commandeur.
Beethoven lui offre quelques traits au début du Scherzo de sa Cinquième Symphonie et elle figure l’orage au début du quatrième mouvement de sa Sixième Symphonie.
En 1886, Saint-Saëns en fait l’héroïne de l’« Éléphant » du Carnaval des animaux.
Mais c’est Gustav Mahler qui signe l’un des rares et des plus beaux soli de contrebasse à l’orchestre. Il s’agit de celui qui ouvre le troisième mouvement de sa Première Symphonie « Titan », qui reprend le thème de « Frère Jacques » en mineur.
Star de la musique de chambre
Si les projecteurs sont rarement braqués sur elle dans l’orchestre, en revanche, son rôle gagne en importance dans la musique de chambre, à commencer par celle de Schubert et son célèbre Quintette « La Truite ».
Le répertoire s’élargit tout au long du XIXe siècle avec les compositeurs romantiques. On peut ainsi citer Les Quatre Saisons de Félicien David qui regroupent vingt-quatre petits quintettes pour deux violons, alto, violoncelle et contrebasse, ou le Quintette n° 2 d’Antonín Dvořák.
Quand la contrebasse devient virtuose
Certes, la contrebasse a elle aussi droit à ses grands concertos. Mais, contrairement à ceux de ses voisins à cordes, ils sont signés de la plume d’obscurs compositeurs, pour la plupart contrebassistes. Un concerto pour contrebasse aurait été écrit par Haydn en 1763, mais il aurait disparu dans un incendie. Le premier compositeur à vraiment donner ses lettres de noblesse à la contrebasse est donc Carl Ditters von Dittersdorf, auteur de deux concertos.
Le répertoire soliste se développe ensuite au XIXe siècle avec Domenico Dragonetti, et surtout Giovanni Bottesini. Avec eux, la contrebasse devient un instrument virtuose, chantant, capable d’exécuter des traits rapides avec dextérité. Un peu plus tard, Serge Koussevitzky écrit à son tour de belles pages du répertoire pour contrebasse.
La contrebasse au XXe siècle
Au XXe siècle, la contrebasse intègre aussi les ensembles de jazz, dont elle devient l’un des piliers. Parmi ses interprètes les plus connus, on trouve Pops Foster, qui s’est notamment illustré aux côtés de Louis Armstrong, Oscar Pettiford avec Duke Ellington, Red Callender avec Charlie Parker ou encore Charlie Mingus.
La musique contemporaine va également contribuer à l’élargissement du répertoire de la contrebasse, en particulier celui pour contrebasse solo, avec des compositeurs comme Franco Donatoni (Lem, 1983) ou Betsy Jolas (Épisode huitième, 1984).