Coquillage-instrument, la conque traverse les continents et les cultures, investie d’usages multiples, du signal au rituel, et d’une forte charge symbolique. L’artiste explore les dimensions esthétiques, énergétiques et politiques d’une sélection de conques et du soclage, questionnant la prétendue neutralité du dispositif muséal et donnant à voir son emprise sur les objets. De longues racines en laiton, matériau conducteur, s’entrelacent pour accueillir les instruments et rendre visible leur vibration. Une extension sonore prolonge l’installation, amplifiant les récits singuliers de ces objets, captés et mis en mot par l’artiste.
Gaëlle Choisne explore la vie des conques
Publié le 16 mai 2025
Je suis Gaëlle Choisne, artiste plasticienne. Je fais de la sculpture, des installations, je travaille aussi avec le son et la vidéo parfois, et je suis basée en France. Les conques provenant du Quai Branly et du Mucem et aussi évidemment de la collection du Musée de la musique ont énormément de contraintes et un cahier des charges très restreint qui ne me donne pas la liberté que j'ai d'habitude d'utiliser mes matériaux de prédilection comme le plâtre. Heureusement que dans cette sélection de matériaux, j'utilise régulièrement le laiton qui a été validé par le conseil pour la production de cette œuvre-là. La collaboration que j'ai eu la chance d'avoir avec Alexandre Girard et Nicolas Prévôt nous a permis d'élaborer une méthodologie pour sélectionner ces conques qui viennent de tous les continents, au travers de critères géographiques, esthétiques et aussi énergétiques. Je propose une œuvre qui permet de voir les objets presque sous tous leurs angles : en dessous, au-dessus et sur tous les côtés. C'est une invitation à avoir un nouveau regard sur ces œuvres et je pense que c'est tout à fait en accord avec les valeurs de ce nouveau musée qui ouvre prochainement. La première partie de l'œuvre, qui est cette installation dans la vitrine, est une œuvre unique. La deuxième partie de l'œuvre, l'installation sonore dans une autre conque, mais à l'extérieur de la vitrine, est déjà un projet qui se développe au travers d'autres versions, pour d'autres expositions à venir. Les sons ont été enregistrés à partir de conques de la collection privée de Nicolas Prévôt. Et Nicolas Prévôt a activé ces conques dans une salle d'enregistrement ici, à la Philharmonie, et à partir de là, j'ai créé une composition sonore avec un artiste musicien qui s'appelle Kim Kan. Tout cet enregistrement est accompagné de ma voix.
Les enjeux actuels de ces conques, dans l'œuvre que je propose, tentent de les présenter dans leur intemporalité. C'est-à-dire tournés vers le passé, mais aussi vers le présent et l'avenir, dans une histoire continue où, finalement, le temps n'existerait même plus.