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Les Clés du classique #35 - Le Requiem de Mozart

Publié le 18 septembre 2023 — par Charlotte Landru-Chandès

Le Requiem de Mozart n’est pas « un » requiem parmi d’autres, il est LE requiem.

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits du Requiem de Mozart sont interprétés par Insula orchestra et le chœur Accentus dirigés par Laurence Equilbey. Concert enregistré à la Salle Pleyel à Paris le 6 février 2014.

Retrouvez l’intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.


Perçu comme l’œuvre d’un génie fauché par la mort en pleine composition, le Requiem de Mozart s’entoure de nombreuses légendes. Par exemple, on raconte que la commande du Requiem viendrait d’un étrange messager vêtu de noir. Selon certains, il s’agirait du compositeur Antonio Salieri, le rival infortuné de Mozart, maladivement jaloux… Une hypothèse popularisée par le film Amadeus de Miloš Forman.

Mais dans la réalité, qu’en est-il vraiment ? Juillet 1791. Mozart est malade et accablé de dettes. Pour ne rien arranger, depuis la mort de l’empereur Joseph II, son protecteur, sa musique est de moins en moins jouée à Vienne. Il est en quelque sorte passé de mode.

Un jour, Mozart reçoit la visite d’un mystérieux personnage qui lui passe commande d’un requiem. Il demande que l'œuvre soit écrite et livrée dans la plus grande discrétion. En échange, il lui promet une somme conséquente. Pour Mozart, complètement ruiné, cette offre ne pouvait mieux tomber ! Ce visiteur n’est pas le pauvre Salieri, comme le suggère Miloš Forman. Il s’agirait en fait d’un messager du comte Franz von Walsegg. Ce dernier vient de perdre son épouse et souhaite lui rendre hommage, tout en faisant passer l'œuvre pour sa propre création.

Quand Mozart se lance dans l’écriture du Requiem, il a d’autres travaux en cours et prend du retard. Il travaille à son opéra La Flûte enchantée, mais s’acquitte aussi d’une commande inattendue : en seulement trois semaines, on lui demande d’écrire un autre opéra pour célébrer le couronnement de Léopold II comme roi de Bohême… Cet opéra, c’est La Clémence de Titus.

Aussi, avant de pouvoir se consacrer pleinement au Requiem, Mozart doit encore terminer son Concerto pour clarinette et écrire en parallèle une cantate maçonnique, Laut verkünde unsre Freude, autrement dit « Annoncez à haute voix notre joie ».

De plus en plus malade, Mozart compose tant bien que mal. Le 4 décembre 1791, une première répétition du Requiem a lieu à son chevet. Trois chanteurs sont présents. Mais Mozart est trop affaibli et la répétition est interrompue. Il demande alors son élève Franz Xaver Süssmayr auprès de lui, pour lui indiquer comment terminer l'œuvre. Mozart meurt le lendemain, à seulement 35 ans, laissant le Requiem inachevé.

À sa mort, Mozart avait uniquement écrit la première partie du Requiem, l’Introït, orchestre et chœur compris. Le Kyrie et une partie du Dies iræ ne comprennent quant à eux que le chœur et la basse continue. Pour le reste, le compositeur n’a pu esquisser que quelques passages d’orchestre.

Constance Mozart, l’épouse, vient d’hériter des dettes de son mari. Il est donc impératif de terminer le Requiem et d’honorer la commande du comte Franz von Walsegg. Constance sollicite alors un ami de son mari, Joseph Eybler, puis Franz Xaver Süssmayr, à qui Mozart a confié ses derniers secrets. C’est lui qui compose la plus grande partie de l'œuvre, à partir des fragments laissés par son maître. Pour conclure le Requiem, Süssmayr reprend le matériau initial imaginé par Mozart, donnant ainsi le dernier mot au compositeur.

L'œuvre, écrite pour quatre solistes, un chœur et un orchestre symphonique, mêle à la fois douceur et douleur, lumière et tristesse, mais aussi intimité et grandiloquence, en particulier dans les parties de chœur, comme le Dies iræ. Mozart renouvelle le genre du requiem. Il adopte un ton assez dramatique, presque théâtral. Il convient de rappeler que Mozart était particulièrement doué pour la scène.

Après lui, de grands requiems suivront au XIXe siècle, ceux de Berlioz et de Verdi, frappants par leur côté spectaculaire et théâtral, et plus tard celui de Fauré, teinté de douceur et de lyrisme. 
 

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris