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Les Clés du classique #5 - La Quatrième Symphonie de Brahms

Publié le 25 novembre 2020 — par Charlotte Landru-Chandès

Couronnement de la production orchestrale de Brahms, la Quatrième Symphonie fait admirer le classicisme de sa facture et la maîtrise de la variation qui caractérise le dernier mouvement.

La série Les Clés du classique nous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits de la Quatrième Symphonie de Johannes Brahms sont interprétés par l'Orchestre Philharmonique de Radio France, sous la direction de Myung-Whun Chung. Ce concert a été enregistré à la Philharmonie de Paris, le 26 janvier 2015.

Retrouvez l'intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.


Johannes Brahms : La Quatrième Symphonie​​​​​

Février 1886. La Quatrième symphonie de Johannes Brahms est donnée pour la première fois à Leipzig, quelques mois après sa création. C’est là qu’elle connaîtra son plus grand succès. Des rappels sans fin, gonflés d’ardeur ! « Après chaque mouvement, la salle résonnait d’applaudissements bruyants et prolongés, et à la fin de l’œuvre le compositeur fut rappelé sans fin… », selon Bernard Vögl, critique musical des Leipziger Nachrichten.  

Revenons un peu en arrière… Été 1885 : après une année riche en concerts, Brahms quitte Vienne et part profiter de l’été dans les montagnes autrichiennes. Cette fois-ci, il pose ses valises à Mürzzuschlag, une petite station au centre de l’Autriche. Au programme, de longues promenades solitaires dans la campagne, des dîners en compagnie de ses très bons amis, les Fellinger, des jeux avec les enfants, et de la composition, bien sûr, car il ne faut pas perdre les bonnes habitudes. C’est dans ce climat paisible et bienveillant que Brahms poursuit l’écriture de sa Quatrième symphonie, ébauchée un an plus tôt. 

Cependant, le séjour à Mürzzuschlag aurait bien pu virer au drame. Un jour, au retour d’une longue marche, Brahms découvre la maison où il vit en feu ! L’effroi laisse bientôt place au soulagement : Mme Fellinger est assise dans le jardin et serre le précieux manuscrit de la Quatrième symphonie entre ses mains. Un peu plus et elle serait partie en fumée avant même d’avoir été entendue ! 

Retour à Vienne… Début octobre, Brahms réunit ses amis ; un peu nerveux, il leur présente sa nouvelle composition dans une version pour piano à quatre mains. Mais l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. L'œuvre est jugée sévère. Heureusement, le chef Hans von Bülow n’est du même avis. Très emballé à la lecture de la partition, il demande à Brahms de diriger son œuvre à Meiningen. Et le 25 octobre 1885, jour de la création, le public est des plus convaincus. Le succès de l'œuvre ne sera d’ailleurs pas démenti : Francfort, Düsseldorf, Amsterdam, Rotterdam… La tournée qui suit en est la preuve. 

La Quatrième est la dernière des symphonies de Brahms, la « triste symphonie », comme il l'appelait lui-même. « Elle a le goût du climat des environs. Les cerises sont à peine sucrées, ici. On n’en mangerait pour rien au monde. » Intime, monumentale, classique, romantique : l’œuvre mêle les opposés et nous offre une synthèse de la musique de Brahms. De forme sonate, le premier mouvement débute sans introduction, puis prend l’allure d’une valse mélancolique, pleine d’effusion. Suit un deuxième mouvement empreint de poésie et de simplicité. Rien de commun avec l’énergie et l’éclat du scherzo qui suit. Et, grande première dans l’histoire de la symphonie, le dernier mouvement prend la forme d’une gigantesque passacaille. Ce dernier mouvement reprend un thème de huit mesures de la cantate Nach dir, Herr, verlanget mich BWV 150 de Johann Sebastian Bach, un thème répété tout au long de la symphonie, sans cesse métamorphosé ; au total, une trentaine de variations ! 

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

Un podcast de Charlotte Landru-Chandès, réalisé par Taïssia Froidure. Une production Cité de la musique - Philharmonie de Paris.