Animées par des personnalités du monde musical, spécialistes du sujet, les clés d'écoute sont de courtes conférences qui préparent l'esprit et l'oreille à l'écoute d'une oeuvre du concert qui suit.

« Un artiste doit se dévouer pour la plus noble cause »
« En avant ! Si je ne me battais pas, je souillerais à jamais toutes mes heures futures. Plus de joies pures, plus d’enthousiasme, plus d’exaltation pour le Beau. Car je rougirais d’avoir tremblé pour ma vie ! Pour oser regarder le soleil mourir sur la mer, il faut avoir osé soi-même regarder la mort en face [...]. Un artiste doit se dévouer pour la plus noble cause, et la plus noble, en temps de guerre, n’est-ce pas de mourir pour le drapeau ! ». La guerre n’a pas encore commencé lorsque le jeune Maurice Maréchal, âgé de 21 ans, inscrit ces lignes dans le premier carnet de ce qui va constituer l’un des plus extraordinaires témoignages d’un musicien pris dans la tourmente de la Grande guerre. Durant un an, du 14 août 1914 au 19 février 1919, neuf carnets se succéderont dans la poche de son uniforme de poilu, pour décrire les combats, les gaz, le froid, la peur et la mort, mais aussi le pouvoir salvateur de musique dans les camps.

Karine LE BAIL est historienne, chercheuse au CNRS (Centre de recherches sur les arts et le langage, CNRS – EHESS) et enseignante à l'EHESS. Ses recherches et ses enseignements relèvent de l’histoire sociale des professions artistiques au XXe siècle (musique et politique, champs scéniques, médiations culturelles). Son dernier ouvrage interroge les rapports occupants-occupés dans le milieu musical durant la Seconde Guerre mondiale et la question de la responsabilité du musicien (La musique au pas. Être musicien sous l’Occupation, CNRS éditions, 2016).