Pour écouter la musique d’une oreille nouvelle, ce collège animé par des spécialistes propose un regard singulier sur une œuvre programmée dans l’un des concerts de la semaine. Cette saison, pour accompagner le 250e anniversaire de la naissance de Ludwig van Beethoven, six symphonies et deux concertos du titan, ainsi que de grandes œuvres symphoniques du répertoire.

On peine à croire que pendant les dix années ayant suivi la mort de Schubert, sa Symphonie en ut majeur n° 9, dite « la Grande », soit restée ignorée du public. Nous devons sa redécouverte à Robert Schumann, auquel le frère de Schubert confia la partition en 1838. Schumann ne tarit pas d’éloge sur cette œuvre qui semble aux antipodes de l’Inachevée et dont la création fut donnée par Felix Mendelssohn le 21 mars 1839 à Leipzig. « Qui ne connaît pas cette symphonie ne connaît encore que peu de chose de Schubert » écrit Schumann, la comparant ensuite à un « roman en quatre tomes, une œuvre de Jean-Paul, par exemple, qui ne peut non plus jamais finir et pour les meilleures raisons, à vrai dire, car c’est aussi pour laisser le lecteur imaginer la suite ! » Et si la symphonie était un passionnant roman ?

Lucie Kayas est professeur de culture musicale au CNSMDP. Spécialiste de la musique française du XXe siècle, elle a notamment travaillé sur Roussel, Jolivet, Messiaen et Poulenc. Elle a publié chez Fayard une biographie d’André Jolivet (2005) ainsi que la traduction française de la biographie de Messiaen de Peter Hill et Nigel Simeone (2008). Récemment, elle a édité avec Hervé Lacombe le collectif Du langage au style, singularités de Francis Poulenc (SFM, 2016) et prépare la publication du Catalogue raisonné de l’œuvre de Jolivet.