Alternant entre cor naturel et cor moderne, pianoforte et piano post-romantique, Jean-Christophe Vervoitte et Sébastien Vichard jonglent avec les répertoires, de Beethoven à Dutilleux.

Quiconque se sera étonné de la relative pauvreté de la Sonate pour cor et piano de Beethoven, lorsqu’elle est jouée sur cor et piano modernes, gagnera beaucoup à la réécouter au cor naturel, comme ici ! Le cor naturel lui rend ses couleurs. Sur cet instrument a priori plus primitif, les notes qui ne sont pas dans le spectre naturel du tuyau exigent un changement du mode de production du son : on réduit la longueur du tuyau en plaçant la main dans le pavillon, on change d’attaque… La mélodie elle-même donne ainsi naissance à une forme de « mélodie de timbres » (avant l’heure). Et ce qui pouvait paraître trivial avec un instrument moderne – produit d’une recherche de l’homogénéité des timbres sur tout l’ambitus – prend alors un relief phénoménal. L'Adagio pour cor et piano de Schumann anticipe le fameux Concertstück pour quatre cors et orchestre, et témoigne de l'engouement du compositeur pour l'instrument dont la facture venait de bénéficier de nouvelles perspectives. Assonance IVb de Jarrell est issu d'une série de pièces rappelant le cycle des Sequenze de Berio. Le programme est complété par la Quatrième Ballade de Chopin et les Trois Pièces de Dutilleux.