La Troisième Symphonie de Beethoven était d’abord un hommage à Bonaparte, le « libérateur » de l’Europe. Puis, le compositeur changea d'optique. Lorsque Napoléon bafoua aux yeux du compositeur l’idéal de la Révolution française en se faisant couronner empereur, Beethoven, rayant sa dédicace, se serait en effet exclamé : « Maintenant, il va n’obéir qu’à son ambition ! Il va s’élever plus haut que les autres, devenir un tyran ! » Le titre définitif de l’œuvre sera dès lors changé en : Symphonie héroïque, composée pour célébrer le souvenir d’un grand homme. Et la Marche triomphale du deuxième mouvement deviendra une Marche funèbre. Quant à son ouverture pour l’Egmont de Goethe, elle évoque la guerre de libération des Pays-Bas. Face à ces deux œuvres au ton héroïque, le Triple Concerto, qui place l’univers de la musique de chambre au cœur de l’orchestre symphonique, est le théâtre d’une autre bataille, assourdie et sublimée : celle des trois solistes.