Pour une ouverture, c’est une ouverture ! Brillante, imaginative, orchestrée avec finesse. Elle a un petit air de Richard Strauss, c’est indéniable, mais pour un jeune compositeur – Karol Szymanowski a 22 ans –, c’est une belle réussite ! Schumann avait le même âge, quand il s’essaya à la composition orchestrale. Un travail qu’il repousserait ensuite dix ans avant que n’éclose l’heureuse symphonie Printemps. Celle qu’il achève cinq ans plus tard avec difficulté est plus sombre. Brièvement traversée par des courses enfantines qui évoquent Mendelssohn, cette Deuxième Symphonie est d’une beauté douloureuse, d’une instabilité prémonitoire.
Bartók écrivit son Troisième concerto pour piano en 1945, à la fin de sa vie, exilé aux Etats-Unis. Les mélodies populaires, les accents anguleux s’y promènent encore une fois librement. Mais on est surtout frappé par le grand Adagio religioso en son milieu, fait d’accords suspendus, dans le même climat frissonnant que le Concerto pour orchestre, son contemporain. Oscillant comme Schumann entre vie et mort, Bartók s’accroche à ses œuvres et insuffle dans son final une rythmique de rodéo. C’est la première fois qu’avec l’Orchestre de Paris le pianiste Radu Lupu abordera la musique de Bartók.