Le chef Herbert Blomstedt a conçu une soirée très particulière : son répertoire, chronologiquement, délimite le milieu de la vie de Beethoven. Cette époque concentre des évènements déterminants qui font en effet « basculer » Beethoven de la jeunesse à la maturité. Entre le Premier concerto en 1795 et l’opéra Fidelio, donné la même  année que la symphonie Héroïque, Beethoven prend la mesure de la surdité qui le frappe, et l’Empereur Napoléon se lance à la conquête de l’Europe. S’il est encore mozartien par certains aspects, son concerto (le premier publié, mais en réalité le deuxième composé) inaugure une série d’œuvres qui changeront définitivement la relation du piano à l’orchestre. Quant à la symphonie, la première grande (ne serait-ce qu’en durée : beaucoup plus développée que les deux précédentes), elle signe la fondation du romantisme musical, parcourue par une énergie intarissable, façonnée de mélodies impérissables, de sensations sonores inouïes à l’époque. C’est une symphonie prométhéenne, sous le signe de cette figure mythologique qui apporta le feu aux hommes et particulièrement importante aux yeux de Beethoven, musicien de l’âge des Lumières.