Le second livre des Préludes de Debussy est brillant, délicat, drôle aussi parfois, comme dans l’hommage au jongleur américain Edward La Vine qui jouait du piano avec ses orteils. Composé entre 1910 et 1912, le recueil s’ouvre dans ce qu’Alfred Cortot décrivait comme une "vapeur de sonorités, en suspens" : la premiere pièce, Brouillards, témoigne des audaces d’une écriture pianistique qui, renonçant pratiquement à la tonalité ainsi qu’à la mélodie, servira souvent de modèle aux avant-gardes.

Un siècle plus tard, avec Erlkönig (2006), Hugues Dufourt clôt une série d’oeuvres pour piano que, à partir de An Schwager Kronos en 1994, il avait "consacrées à Goethe et a Schubert". Ce qui, pour lui, signifie "un travail de réappropriation" dans lequel, enjambant en quelque sorte Debussy, il se livre à "un examen renouvelé de ce qui a fait la vitalité de l’innovation pianistique au XIXe siècle".