L’orgue et la voix font figure de parents pauvres dans le catalogue de Iannis Xenakis, mais ils n’en sont pas absents, et ont fait l’objet de la même remise en question radicale impulsée par le compositeur grec dans d’autres domaines.

Gmeeoorh est une anagramme libre de « organon », et si l’œuvre est bien pour orgue, c’est surtout avec les sonorités concrètes de l’instrument que Xenakis a composé, en générant des mélodies à partir d’arborescences linéaires. Composées en 1967-68, Nuits est un hommage aux prisonniers politiques qui croupissent alors dans les geôles de la junte grecque. Ici, nul livret, mais des phonèmes sumériens, assyriens, achéens… pour exprimer vocalement leur souffrance. Autre cantate « engagée », Un soir de neige est la mise en musique par Poulenc de poèmes écrits par son grand ami et résistant Paul Éluard en 1942. En écho à ces œuvres gelées, Lucia Ronchetti s’inspire de la collection de paroles glacées distribuées par Pantagruel chez Rabelais.