Philippe Manoury fête ses 70 ans sans avoir jamais cessé d’interroger son art : dans In situ, créé à Cologne en 2013, il remet en question la répartition spatiale des instruments de l’orchestre, et met le symphonique sens dessus dessous.

En latin, « in situ » signifie littéralement « dans le lieu même » – et par extension « dans son cadre naturel, à sa place habituelle ». En réalité, c’est tout le contraire que fait ici Manoury : alors que l’orchestre est plus ou moins inchangé depuis 250 ans, il s’agit de le repenser, « en s’éloignant des habituels groupements homogènes par familles d’instruments, ou en disséminant des musiciens dans le public ». La disposition de l’orchestre semblera peut-être « chaotique », cependant que « l’espace joue un rôle déterminant sur la manière dont les sons vont circuler dans la salle, comme si une immense partition y était inscrite, écrit Manoury. Dans In situ, les lieux d’où proviennent les sons sont aussi importants que les sons eux-mêmes. »