La Symphonie pastorale, d'ailleurs composée en même temps que la Cinquième symphonie, passe pour être à l'origine de la musique à programme romantique. Pourquoi pas après tout... La lettre du 8 juin 1808 à l'éditeur Breitkopf & Härtel montre avant tout que la Cinquième et la Sixième symphonie "pastorale" font partie d'un ensemble plus vaste d'oeuvres où la puissante subjectivité beethovénienne, car c'est de cela qu'il s'agit, rend poreuses un certain nombre de frontières telles celles entre l'espace public et l'espace privé, la nature et l'artifice, le Moi et l'Autre, la raison et le sentiment. Frontières et partages parmi lesquels il faut aussi ajouter la dure loi du rang qui régit la condition sociale de l'artiste "musicien bourgeois dans la société de cour" pour reprendre la belle expression du sociologue Norbert Elias. C'est donc à partir de la notion d'espace, en relation avec la subjectivité, que sera abordée la Symphonie pastorale avec quelques excursions du côté des Sources du Moi du philosophe canadien Charles Taylor et de certains textes du sociologue Norbert Elias.