Sur la scène dépouillée du théâtre nô, farce et tragédie du XVe siècle alternent, telles les deux faces d’une vie. Aux tracas cocasses d’un gendre face à son beau-père succède le drame d’une mère déplorant dans sa danse épurée la perte d’un enfant.

Placé sous de fastes auspices par un « chant pour les dieux » entonné par le chœur, farce et drame se succèdent sur la scène fidèlement reconstituée d’un théâtre nô. Dans un style parodiant la gestuelle épurée de cet art, un kyōgen enjoué met d’abord en scène un gendre embarquant sur un ferry, dont le batelier ivre se révèle être son futur beau-père. Également placé sous le signe de l’eau, le nô Sumidagawa relate ensuite le parcours d’une mère à la recherche de son fils, dont seul le spectre lui apparaîtra depuis le bac où elle vogue sur la rivière Sumida. La douleur de ses pleurs muets, confiée au lyrisme du poème chanté, imprègne les gestes lents et retenus de sa danse, d’une puissance expressive exaltée par la somptuosité de son costume.