Un serviteur se déguise en démon pour soutirer du saké à son maître. Le nô qui suit cette joyeuse mascarade dévoile tour à tour la poignante danse d’adieu de la belle Shizuka et le combat d’un héros légendaire contre un spectre surgi des flots déchaînés.

Archétype du serviteur jamais en peine de ruse, Tarō Kaja répugne à puiser l’eau du thé. Il revêt un masque de démon afin de terrifier son maître, dès lors prêt à lui concéder saké et privilèges. En complet contraste avec ce prélude espiègle, Benkei à la barque met en scène Yoshitsune, héros d’une bataille historique au XIIe siècle, qu’une calomnie contraint à fuir au large. Les adieux déchirants d’avec sa maîtresse Shizuka font place au combat contre le spectre d’un ennemi jadis vaincu, surgi de la mer en furie. Mais aucun sabre ne saurait soumettre un fantôme, que seules les prières du fidèle moine-guerrier Benkei mettront en fuite, au cours d’un second acte scandé par les mouvements frénétiques du batelier et le rythme effréné des trois tambours.