Les Dissonances / David Grimal
Programme
À l’aube du XXe siècle, Debussy et Chausson partagent l’idée d’une musique française éminemment poétique, tandis que Schönberg prolonge les derniers feux du romantisme allemand.
Symphonie qui s’ignore, La Mer est un triptyque d’« esquisses pour orchestre » dont Claude Debussy préfère définir l’ambition poétique plutôt que les mouvements. Infléchis au miroitement des couleurs et à la subjectivité des impressions, « De l’aube à midi sur la mer », « Jeux de vagues » et « Dialogue du vent et de la mer » se déclinent comme trois marines… imaginées depuis la Bourgogne.
Autre allégorie, cette fois-ci du concerto, le Poème d’Ernest Chausson puise à la source d’une nouvelle fantastique de Tourgueniev ses trois sections resserrées en un unique mouvement. « Rien n’est plus touchant de douceur rêveuse que la fin de ce Poème, écrira Debussy, où la musique […] devient le sentiment même qui en inspira l’émotion. »
La relecture du drame de Maeterlinck par Arnold Schönberg est certes moins connue que l’opéra debussyste, mais son Pelléas et Mélisande tout orchestral n’en est pas moins dense, d’une veine postromantique caractéristique de ses premiers opus. Dix-sept bois, dix-huit cuivres, huit percussions, deux harpes et un grand éventail de cordes colorent sa large palette symphonique.