Mahler 5
Programme
PARTIE I
1. Trauermarsch [Marche funèbre]. Im gemessenem Schritt. Streng. Wie ein Kondukt [D’un pas mesuré. Sévèrement. Comme une procession funèbre]
2. Stürmisch bewegt. Mit größter Vehemenz. [Tourmenté, agité. Avec la plus grande véhémence]
PARTIE II
3. Scherzo. Kräftig, nicht zu schnell [Vigoureux, pas trop vite]
PARTIE III
4. Adagietto. Sehr langsam [Très lent] 5. Rondo-Finale. Allegro – Allegro giocoso
Composition : été 1901-été 1902.
Création : le 18 octobre 1904, à Cologne, sous la direction du compositeur.
Effectif : 4 flûtes (jouant aussi piccolo), 3 hautbois (le 3e aussi cor anglais), 3 clarinettes (la 2e aussi petite clarinette, la 3e aussi clarinette basse), 3 bassons (le 3e aussi contrebasson) – 7 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales, percussions (dont glockenspiel) – harpe – cordes.
Durée : environ 68 minutes.
« C’est par des moyens musicaux que j’ai voulu tout exprimer », explique Mahler à propos de sa Cinquième Symphonie, la première à renoncer totalement aux textes (et donc aux chœurs et aux solistes) et aux sous-textes. Plus tard, il ajoute : « La routine acquise dans les quatre premières symphonies m’avait ici complètement laissé en plan, car un tout nouveau style exigeait une nouvelle technique. »
Plus encore que ses sœurs aînées, la Symphonie no 5, née aux premières heures du XXe siècle, dessine un monde foisonnant – à tel point, d’ailleurs, que le compositeur en allégera l’orchestration en 1911, élaguant notamment la partie de percussion. Même après ces retouches, l’œuvre présente une texture polyphonique dense (le Scherzo, que Mahler comparait à une cathédrale gothique, en est un exemple frappant), que les Sixième et Septième Symphonies prolongeront. L’absence d’éléments programmatiques ou textuels n’empêche en rien cette Cinquième de charrier des résonances funèbres, aussi bien dans sa Trauermarsch initiale (qui rappelle celle de la Symphonie no 1) que dans le mouvement suivant, lui aussi enclin aux sonorités sombres. Çà et là, les tournures et l’atmosphère évoquent les lieder composés en ce même été 1901, pourtant illuminé par le récent mariage avec Alma : trois des Kindertotenlieder, ces prophétiques « chants des enfants morts », mais aussi les tragiques Der Tambourg’sell [Le Petit Tambour] et Um Mitternacht [À minuit].
Si le magnifique Adagietto, popularisé par Luchino Visconti dans Mort à Venise, représente après cette noirceur un moment de repos bienvenu – qui enchante par sa magie en apesanteur et son sens de l’espace sonore –, le finale, apparente affirmation de la « volonté de vivre » schopenhauerienne, n’est pas sans ambiguïté. La symphonie dessine-t-elle vraiment un chemin vers la lumière, comme Mahler semble l’affirmer ? C’est à chacun de décider.
Angèle Leroy
Impliqué depuis quelques années dans ce qu’il a nommé l’« Originalklang Project », qui cherche à retrouver la sonorité instrumentale originelle des symphonies mahlériennes, le Mahler Academy Orchestra donne la Cinquième Symphonie du compositeur.
C’est à un travail de fond que s’est attelé Philipp von Steinaecker, chef du Mahler Academy Orchestra et commissaire de ce projet de recherche autour du son de l’orchestre de Mahler, un projet pour lequel il collabore notamment avec le musicologue Clive Brown, spécialiste de l’interprétation historique de la musique romantique. Le Mahler Academy Orchestra a pisté dans le monde entier des instruments proches de ceux que Mahler utilisait avec l’orchestre de l’Opéra de Vienne, et s’applique à chercher des modes de jeu les plus proches possibles de ceux de l’époque, avec cordes en boyaux, vibrato limité et flexibilité dans l’énonciation mélodique notamment. Illustrée de courtes séquences musicales filmées, une présentation de l'œuvre par le musicologue Christian Merlin précédera l'exécution intégrale de la symphonie.