Philharmonie de Paris - Page d'accueil

accrochage anima(ex)musica : un bestiaire utopique au Musée de la musique

Publié le 29 septembre 2023

— Accrochage anima(ex)musica, un bestiaire utopique au Musée de la musique

Accrochage anima(ex)musica - un bestiaire utopique au Musée de la musique

Le dispositif à la Cité de la Musique a été de venir parasiter positivement le musée, en retirant des pièces qui étaient là, des clavecins, des harpes, des instruments de musique anciens, et de les remplacer par des pièces de notre bestiaire. D'autres sont aussi dans les couloirs, mais dans la plupart des cas, il y a une disparition et une apparition. On peut se demander si l'araignée n'a pas mangé le clavecin ou si la puce n'a pas digéré deux ou trois harpes. Il y a un petit jeu pour le visiteur, qui tombe par surprise sur les créations. C'est aussi un principe dans l'élaboration de notre projet : être un petit peu caméléon et réfléchir à chaque fois à une scénographie en lien avec le lieu qui nous accueille. Le processus de fabrication de nos insectes, au départ, c'est soit les instruments de musique qui nous guident, soit un insecte qui nous a tapé dans l'œil. C'est le cas, par exemple, du scolopendre. À l'inverse, là, celui qu'on fait, c'est un phasme, et on est partis des instruments, des instruments d'origine africaine, des koras et des balafons qu'on démonte, dans un premier temps. On s'inspire toujours d'un modèle réel. Là, on a un vrai phasme de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui matche bien au niveau couleur et taille. Dans un premier temps, après avoir démonté les instruments, on va essayer de retrouver les proportions et faire un montage à blanc. Ensuite, une fois qu'on a trouvé les proportions générales, on va tout redémonter et Mathieu va, par exemple, travailler sur l'extérieur et moi, sur l'intérieur. On se répartit les tâches. On réassemble le tout, et en 3, 4 ou 5 semaines, l'insecte a trouvé sa forme définitive. Ensuite, la deuxième étape, qui ne se fait pas en public, c'est la motorisation, le support, la caisse de transport, et tout le graphisme autour de l'insecte. Moi, je suis graphiste et plasticien. Donc au départ, c'est le visuel des insectes, pour prolonger ce que vient de dire Vincent, et parfois ce sont les insectes qui sont inspirants et à d'autres moments, ce sont les instruments. On est dans un dispositif où l'instrument reste extrêmement visuel, et dans sa restitution, on identifie bien que c'est un saxophone ou un morceau de trompette, et pas un morceau de cuivre ou un morceau de laiton Dans mon travail pour anima(ex)musica, j'interviens un petit peu dans la phase finale du travail, quand Mathieu et Vincent ont créé l'insecte et qu'ils l'ont mis en mouvement. C'est seulement à ce moment-là que je m'immerge un peu dans l'âme de cet insecte. Je suis content quand le public ressent une cohérence dans la musique, parce que finalement, j'ai carte blanche sur la musique depuis le début et c'est en perpétuelle évolution. Et là, dans anima(ex)musica, je peux exprimer tous les genres musicaux qui me plaisent, utiliser un piano minimaliste, un arpège de synthé modulaire, des drones d'ambient, comme ça, assez étirés, ou des cordes orchestrales. Donc c'est un lieu où effectivement, je peux exprimer toutes ces facettes de ma personnalité musicale, avec une idée de cohabitation : quand tous les insectes sont dans le même lieu, ce qui n'est pas le cas au musée de la Musique, mais ça peut arriver, il y en a deux ou trois qui cohabitent, les musiques sont compatibles. En termes de tonalité, de rythme, ce n'est pas trop dissonant, ou alors de manière contrôlée. Et donc ça crée une nouvelle partition, en fonction des lieux et de quel insecte est à côté de quel autre insecte.

Entretiens : Tristan Duval-Cos

Réalisation : Laurent Sarazin - Imaginé productions

Montage : Clément Gaultier-Falguière - Imaginé productions

© Cité de la musique - Philharmonie de Paris
 

Le collectif Tout reste à faire présente ses monumentales sculptures d'arthropodes, animées et sonores, réalisées à partir d'instruments de musique hors d'usage, et fabrique en direct une nouvelle sculpture musicale en forme d'insecte.

Les créatures animées sont inspirées des arthropodes. Les instruments ne sont ni cassés, ni détruits : ils sont démontés et remontés avec précision. En fonction de leur anatomie et des assemblages effectués, ces créations sont rendues mobiles. Leurs mouvements imitent la discrétion des insectes et se présentent sous forme de micro-déplacements, de vibrations, d’ondulations, d’ouvertures et de fermetures. Cette métamorphose redonne aux instruments une nouvelle vie musicale.

Chaque créature fait l’objet d'une composition musicale dont l'orchestration renvoie aux instruments ayant servi à sa fabrication. Le monde des insectes est aussi un monde sonore, c’est pourquoi chaque spécimen est doté d’une partition. Son chant est déclenché par l’intrusion des spectateurs dans son espace et contribue à  l’inquiétante étrangeté de la rencontre : les créatures tapies dans l'obscurité génèrent un discret bruit de fond qui peut s’apparenter à la rumeur d'une forêt ou d'une jungle. En s’approchant de chaque animal, on distingue clairement le son qu’il produit au sein de ce concert en y reconnaissant parfois les instruments qui le constituent.


Collectif Tout reste à faire : Mathieu Desailly - Vincent Gadras - David Chalmin

Accrochage du 15 septembre 2023 au 7 janvier 2024.

  • Entretiens : Tristan Duval-Cos
  • Réalisation : Laurent Sarazin - Imaginé productions
  • Montage : Clément Gaultier-Falguière - Imaginé productions
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris