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Music Painting, quand la peinture devient musique

Publié le 27 septembre 2021 — par Jérôme Provençal

— Mathias Duhamel - © Nikas Kotic

Dédié aux pionniers de la musique américaine, ce concert participatif adopte une forme originale associant sur scène le Groupe orchestral Le Paradoxe et le peintre Mathias Duhamel. 

— Music Painting – Mélanie Levy-Thiébaut -Mathias Duhamel

Ayant démarré son parcours musical au début des années 1990, Mélanie Levy-Thiébaut s’est affirmée avec éclat dans une sphère – la direction d’orchestre – à l’intérieur de laquelle ce sont, aujourd’hui encore, surtout des hommes qui tiennent la baguette. Elle a ainsi déjà dirigé plusieurs orchestres prestigieux, tels que l’Orchestre National d’Île-de-France, l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et l'Orchestre Philharmonique de Hong-Kong. En 2005, elle a fondé l’Orchestre Manifesto, ensemble à géométrie variable dont la singularité consiste à mettre la musique en résonance avec d’autres disciplines artistiques ou formes de pensée (la philosophie, par exemple). 

Mélanie Levy-Thiébaut se lance maintenant dans une nouvelle aventure avec le Groupe Orchestral Le Paradoxe. « Le nom a été choisi pour faire écho aux nouvelles formes orchestrales du XXe siècle qui mettent en exergue un paradoxe étonnant dans la relation entre orchestre et chef d’orchestre : alors que les effectifs orchestraux diminuent, les œuvres se complexifient et rendent donc souvent la présence d’un chef indispensable, explique-t-elle. Certaines œuvres scindent l’orchestre en petits groupes séparés qui nécessitent même parfois l’intervention de deux chefs d’orchestre. A contrario, il arrive que le chef dirige une partie de l’orchestre pendant que l’autre est en autonomie ». 

Plutôt qu’une entité homogène et indivisible, Le Paradoxe se présente ainsi comme un ensemble de jeunes musicien.nes indépendant.es, issu.es des CNSMD, de la Haute École de musique de Genève ou d’autres institutions d’enseignement musical. Sous la conduite experte de Mélanie Levy-Thiébaut, cette expérience leur offre une passerelle idéale pour entrer dans la vie active des musicien.nes d’orchestres. 

Dans le prolongement de l’Orchestre Manifesto, Le Paradoxe va s’attacher à croiser la musique avec d’autres arts. En témoigne parfaitement son concert inaugural, le 7 novembre à la Philharmonie de Paris. Intitulé Music Painting, il amène le groupe orchestral naissant à jouer en interaction directe avec le peintre Mathias Duhamel. En quête d’une osmose entre la musique et la peinture, féru d’expérimentations, celui-ci a déjà rencontré sur scène de nombreux orchestres et instrumentistes, dans des univers musicaux très variés – du classique à l’électronique en passant par le jazz ou la musique de film. 

Extrêmement vif et dynamique, atteignant parfois une forme d’expression chorégraphique, le geste pictural de Mathias Duhamel se déploie ici au rythme de trois œuvres musicales – Pulse, une pièce récente de Steve Reich, faisant écho à deux pièces majeures du début du XXe siècle : The Unanswered Question de Charles Ives et Intégrales d’Edgard Varèse. Les trois pièces ayant des formes et tonalités très spécifiques, l’orchestre va adopter trois configurations différentes durant le concert et prendre une couleur musicale distincte pour chaque pièce.  « Mathias Duhamel aime s’inspirer des sons mais aussi du geste du chef, souligne Mélanie Levy-Thiébaut. En cela, sa peinture devient musique. Les rouleaux, les pinceaux, les brosses s’harmoniseront avec les instruments ». 

 

Jérôme Provençal

Jérôme Provençal écrit sur (presque) tout ce qui est essentiel à la vie : la musique, la danse, le cinéma, le théâtre, les arts plastiques, la littérature. Il est le collaborateur régulier des Inrockuptibles, de Politis, de New Noise et d’Art Press.