À l’occasion de la Nuit du rossignol, le Musée de la musique a invité l’artiste plumassière Nelly Saunier à réaliser une création autour d’un étonnant instrument indien, la vièle taus.
La vièle taus a rejoint les collections du Musée de la musique en 2016. Inventé au cours du XIXe siècle dans l’Inde du Nord, cet instrument à cordes frottées est un objet sonore hybride qui s’apparente au sitar par son long manche et au sarangi par sa caisse de résonance recouverte d’une peau de chèvre.
L’instrument présente la particularité d’épouser la forme d’un paon. L’ensemble de la surface est notamment recouverte d’un décor coloré qui représente finement le plumage et les pattes de l’oiseau. Pour parfaire l’illusion, de véritables plumes ont été insérées à la jonction du manche et de la caisse.
Cette étonnante forme zoomorphe n’est pas uniquement fruit de l’inspiration du luthier. Le paon est un oiseau empreint d’un fort symbolisme dans l’hindouisme, où il est associé à la divinité des arts et du savoir, Sarasvati, mais aussi au dieu de la guerre, Skanda, dont il sert de monture. Plus largement, le paon est un animal qui évoque la fertilité, la richesse et le pouvoir. Sa silhouette apparaît ainsi fréquemment sur les objets de prestige.
Très populaire entre la fin du XIXe siècle et les années 1930, la vièle taus accompagnait le chant et les danses de courtisanes, avant de tomber en désuétude. Aujourd’hui, elle n’est quasiment plus jouée et a rejoint les collections de musées en Inde, en Europe ou aux États-Unis. L’instrument exerce toutefois encore un fort pouvoir de fascination sur les visiteurs et trouve une nouvelle existence à travers l’imagination de Nelly Saunier.