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Retour sur... Bach Mirror

Publié le 30 mars 2023 — par Philharmonie de Paris

— Bach Mirror - Thomas Enhco & Vassilena Serafimova

Retour sur… Bach Mirror
Thomas Enhco & Vassilena Serafimova

Thomas Enhco : Ce duo existe depuis une quinzaine d’années. Bien avant ce projet sur Bach, on en a fait plusieurs autres. Et on a toujours eu envie, depuis le début, de mêler nos différents univers musicaux, culturels, qui sont la musique écrite, avec la musique classique, puisqu’on a grandi avec une bonne partie de ce qu’on fait dans la musique classique, et le reste, c’est-à-dire le jazz pour moi.

Vassilena Serafimova : Très concrètement, pour Bach Mirror, on a abordé la musique de Bach de 3 ou 4 manières. La première fois, on joue la transcription pure. Très fidèle au texte original. Voilà. Je dis « pureté », mais on joue des instruments qui n’existaient pas à l’époque. C’est une transcription pour nos instruments, piano et marimba. Ensuite, on l’a abordé avec des compositions personnelles...

Thomas Enhco : ... où on utilise un élément d’un morceau de Bach, une mélodie, un motif... ... 

Vassilena Serafimova : qu’on s’approprie complètement dans une composition personnelle. Et puis des morceaux où on joue ce que Bach a écrit, en improvisant dessus.

Thomas Enhco : L’année dernière, quand on a appris qu’il y aurait un des morceaux de l’album Avalanche au programme, ça a été un super plaisir, parce que ce n’est pas exactement la pure tradition de la musique classique qui est respectée, au contraire, c’est une relecture. Donc c’est super intéressant qu’on puisse aborder tous ces aspects de rythme, d’improvisation, d’harmonie, avec les lycéens. Je joue la partie du bas en bas, et celle du haut, plus haut, et au milieu, Vassilena fait tout ce rythme à 9 temps. Vas-y, continue. Nous, on compte 9. Si on divise 9 par 2, ça fait combien ? Quatre et demi. Un, deux, trois, quatre et un, deux, trois, quatre. - Vas-y, vas-y. - C’est l’épreuve "maths" !

Vassilena Serafimova : On a toujours aimé être proches de notre public. C’est super intéressant, parce que notre public de demain, c’est eux. Et en fait, c’est une super manière d’échanger, d’être proches, au moins pour un petit moment, au cours d’un atelier ou d’un concert. Et de partager ce moment avec eux.

Thomas Enhco : S’adresser à des jeunes qui ne sont peut-être pas spécialistes de musique, ou en tout cas de cette musique, ça me rappelle juste pourquoi je fais de la musique.

Ilan, en première option musique au lycée Saint Pierre Fourier (Paris) : J’aime beaucoup la musique. J’ai été baigné dedans depuis l’enfance par mes parents, et du coup, j’ai trouvé cette expérience très agréable puisque ça m’a appris des nouvelles choses. C’est un nouveau style de musique que je ne connaissais pas.

Guillemette, en première option musique au lycée Saint Pierre Fourier (Paris)  : J’ai grandi avec la musique, car j’ai un père musicien, et je passe mon temps à écouter de la musique dès que je peux. Mais c’était une des premières fois que j’écoutais de la musique sans paroles, et je n’ai jamais été autant touchée par de la musique. En plus, j’ai eu la chance, dans l’atelier, d’être très proche des instruments. Il y avait toutes les vibrations et les expressions du visage et ça m’a beaucoup, beaucoup touchée. C’est une nouvelle façon de voir la musique pour moi, parce que j’écoute surtout de la pop avec des paroles et là, c’est totalement différent et j’ai adoré, c’est une expérience incroyable.

Lou, en première option musique au lycée Saint Pierre Fourier (Paris) : J’aime beaucoup la musique, j’en écoute très souvent, et le classique ou la musique sans paroles, c’est pas mon genre de prédilection. Mais ayant joué longtemps du piano et fait de la musique classique, c’est un milieu que je connais et ça m’a beaucoup touchée de voir Thomas et Vassilena jouer comme ça avec nous pendant l’atelier, suivi du concert, qu’on a plus compris grâce à leurs explications, qui nous ont permis d’avoir une approche différente de leurs morceaux, très humaine, qui m’a beaucoup plu. Ça m’a rappelé à quel point j’aimais le côté du partage avec la musique et le côté humain qui va avec l’échange de ce qui nous passionne : l’instrument, dans le cadre du concert auquel on a assisté aujourd’hui. Je voudrais bien jouer comme ça de la musique, avec quelqu’un, pour partager cet amour de l’instrument.

Entretien : Tristan Duval-Cos
Réalisation & montage : Laurent Sarazin, Imaginé productions
© Cite de la musique – Philharmonie de Paris

Lors de ce concert éducatif, le pianiste Thomas Enhco et la percussionniste Vassilena Serafimova présentaient aux lycéens leur relecture de pièces de Bach.

En musique, une transcription est l’adaptation d’une œuvre d’un effectif (par exemple le piano) à un autre (par exemple un orchestre). À l’époque de Bach, l’art de la transcription est monnaie courante pour les compositeurs qui le pratiquent à des fins de diffusion des œuvres, de pédagogie ou de recherche personnelle. Bach lui-même transcrit de nombreuses œuvres de ses contemporains et fait de même avec les siennes! Le pianiste Thomas Enhco compare Bach à Shakespeare et Homère, dont les récits (Roméo et Juliette, L’Iliade, L’Odyssée…) ne cessent d’être réinterprétés: «Je pense à West Side Story par exemple, un Roméo et Juliette moderne et dont la nouvelle version, faite par Spielberg, parle peut-être plus à des jeunes qui n’ont pas forcément vu celle des années 1960.» L’histoire de la musique est donc jalonnée de transcriptions, faisant voyager les œuvres, leur donnant d’autres couleurs et de nouvelles façons de les écouter. C’est dans cette lignée que Vassilena Serafimova et Thomas Enhco explorent à leur tour les œuvres de Bach par tous les biais envisageables: en modifiant le timbre, la forme, le rythme, le style…