Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Richard Wilberforce : Que la force soit avec lui !

Publié le 11 septembre 2023 — par Maximilien Hondermarck

— Richard Wilberforce - Chef du Chœur de l'Orchestre de Paris

À la base, j'étais chanteur, contre-ténor professionnel où j'ai appris à chanter dans les églises. En Angleterre, c'est souvent un parcours pour les chanteurs britanniques. Et après avoir fait des études au Conservatoire à Londres, le Royal College of Music, j'ai passé un certain nombre d'années en tant que chanteur professionnel dans les groupes et aussi dans les opéras. Pendant quelques années, un certain nombre d’années, disons six ou sept ans, j’ai fait les deux carrières en même temps : chanteur professionnel et aussi chef de chœur. Disons, chef de chœur dans les soirées et chanteur dans les journées. En fait, j’ai commencé, ici à Paris, en 2010. J’ai commencé doucement à diriger le chœur je me suis un peu... présenté en tant que chef de chœur et ça a marché très bien et ça m'a intéressé beaucoup, beaucoup, beaucoup. Pour diriger un chœur c’est vraiment très important de comprendre comment fonctionne un groupe de chanteurs amateurs qui sont très passionnés par leur art. Il faut trouver un rythme, une manière de travailler, qui est à la fois exigeant mais, bien sûr, aussi qui leur font plaisir. Et je pense que le plus important, c'est la fierté dans ce qu’ils font ici ensemble. Quelles sont mes ambitions pour le chœur ? Il faut dire déjà que je suis là devant un chœur en très bonne santé. L’objectif, mes ambitions, ce sont de continuer à bosser sur le son qui est déjà très riche dans le chœur d'adultes. Ça m'intéresse beaucoup de trouver une identité à chaque groupe, dans le chœur d'adultes, le chœur de chambre, l'Académie et le chœur principal. Et d’essayer vraiment de trouver les points forts de chaque groupe et de trouver un répertoire qui correspond et qui montre vraiment leurs qualités, il y en a plusieurs. Ça fait partie de ma propre formation, en Angleterre, de vraiment travailler, avec exigence, la justesse. C'est quelque chose qui m'obsède un petit peu. Et heureusement, les chœurs chantent de manière systématique, très juste. Mais il y a un vrai travail à faire, là on peut aller dans les détails ultra raffinés. Je vais me diriger par là dans les premières années avec le chœur.

Le Britannique Richard Wilberforce prend la direction du Chœur de l’Orchestre de Paris. Une nouvelle ère s’ouvre !

«Quelle énergie, quel chœur formidable!» En ce mois de mai ensoleillé, Richard Wilberforce enchaîne les dernières répétitions pour Belshazzar’s Feast, l’immense oratorio de William Walton dont se sont emparés le Cambridge University Symphony Chorus –le chœur qu’il dirige encore pour quelques semaines en Angleterre– et le Chœur de l’Orchestre de Paris, dont il prend la direction musicale à partir de septembre 2023.

Près de 50 ans après Arthur Oldham, qui avait créé le Chœur en 1976 sous l’impulsion de Daniel  Barenboim, c’est un autre britannique qui prend la baguette! Formé à Cambridge puis au Royal College of Music comme contreténor, Richard Wilberforce commence une carrière lyrique sur les grandes scènes et auprès des meilleurs chefs. Avec John Eliot Gardiner et son Monteverdi Choir, surtout, il touche du doigt une certaine idée de la perfection chorale. Petit à petit, il commence à diriger : à Manchester d’abord, où il prend en charge le chœur de jeunes du Hallé Orchestra, puis à Leeds, où c’est le Leeds Philharmonic Chorus, grande formation symphonique amateur, qui lui tend les bras et lui fait parcourir une bonne partie du répertoire.

À Paris, où il débarque en 2017 («Je suis un réfugié du Brexit», confesse-t-il avec un délicieux accent), son enthousiasme et ses fines qualités musicales lui valent d’être rapidement repéré par Laurence Equilbey pour préparer l’ensemble Accentus et le Jeune Chœur de Paris, qu’il co-dirige avec Marc Korovitch. «À mon arrivée en France, j’ai vraiment eu beaucoup de chance. On m’a fait confiance très rapidement et j’y ai déjà vécu des expériences musicales inoubliables.» Alors, quand Ingrid Roose et Marc Korovitch ont décidé en fin de saison de rendre la baguette du Chœur de l’Orchestre de Paris à un chef unique, le nom de Wilberforce a vite sonné comme une évidence. Pas pour le premier intéressé, qui ne réalise pas encore tout à fait son bonheur. «Un rêve? Mais toute cette première saison est un rêve! Regardez le nombre de grandes œuvres que nous allons chanter en quelques mois: le Requiem allemand, la Symphonie des Mille et la Troisième de Mahler, les Carmina Burana, Les Cloches de Rachmaninoff, Les Noces de Stravinski… Et je ne peux rien dire bien sûr, mais ça va continuer les saisons prochaines.» Chef de chœur entre les deux rives de la Manche, Richard Wilberforce a forcément un avis sur l’éternel débat entre le son des chœurs anglais et des chœurs: «Joker!», plaisante-t-il. «Non, plus sérieusement, je sens bien que depuis mon arrivée en France il y a 6 ans, mes goûts ont évolué. J’ai maintenant plus de mal avec les fameuses voyelles anglaises très ouvertes, et je tends à préférer la rondeur, la chaleur du son français. Mais l’important n’est pas là: il faut simplement réussir à atteindre avec nos capacités propres les plus belles couleurs, le son le plus émouvant– en un mot, le meilleur de nous-mêmes.»

Revenant à ses projets à Paris ces prochaines années: «Ce qui me réjouit aussi, c’est la grande ambition de Klaus Mäkelä pour le Chœur. Nous avons déjà pas mal discuté, et il est clair qu’il veut que le Chœur dans toutes ses formations (le Chœur d’enfants, le Chœur de jeunes et le Chœur symphonique) soit au centre de son projet. Que ce soit par les grandes œuvres, bien sûr, ou aussi par des morceaux plus courts qui viennent dialoguer avec les autres œuvres du programme– tout cela m’enthousiasme beaucoup!»