Deuxième saison comme directeur musical pour Klaus Mäkelä ! L’artiste finlandais, dont l’énergie et la maîtrise ont conquis musiciens et public, défendra à nouveau les grandes œuvres post-romantiques et du XXe siècle.
Accent résolu, aussi, sur la création, avec quelques compositrices et compositeurs parmi les plus importants d’aujourd’hui. Tout en préparant la relève chez les jeunes artistes, avec l’élan nouveau donné à l’Académie de l’Orchestre de Paris.
À l’automne 2021, Klaus Mäkelä, associé depuis juin 2020 à l’Orchestre de Paris, en est devenu le dixième directeur musical, pour un engagement de cinq saisons. Un concert donné en 2019 lui avait suffi pour emporter l’adhésion des musiciens.
Natif d’Helsinki, eldorado boréal de la musique symphonique, Klaus Mäkelä a grandi dans une famille d’instrumentistes, chanté dès l’enfance dans les chœurs de l’Opéra national de Finlande, et acquis au violoncelle le niveau d’un chambriste et concertiste reconnu. À l’Académie Sibelius, il se forme dès l’âge de douze ans à la direction d’orchestre auprès de Jorma Panula, maître de légende qui révéla également le talent de ses aînés Esa-Pekka Salonen, Susanna Mälkki, Mikko Franck... Il a vingt-et-un ans lorsque l’Orchestre symphonique de la radio suédoise le fait débuter ; il en devient immédiatement le premier chef invité. L’année suivante, le Philharmonique d’Oslo, à la suite de son premier concert, lui propose le poste de chef principal. Les succès s’enchaînent avec les plus grandes formations européennes et américaines.
Figure emblématique d’une nouvelle génération de chefs d’orchestre, Klaus Mäkelä ne s’en distingue pas moins, en revendiquant de se consacrer à un nombre limité de phalanges, afin d’accomplir à leur côté un travail de fond. Se définissant avec humour comme « adepte d’un développement artistique durable », il choisit soigneusement ses engagements comme chef invité, privilégiant des collaborations au long cours, notamment avec le Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orchestre de la radio bavaroise, l’Orchestre de Cleveland... Avec l’Orchestre de Paris, il partage l’amour de la grande tradition romantique allemande, des œuvres monumentales du XXe siècle et d’une création ouverte à tous les langages. Mais il n’en prête pas moins attention aux répertoires antérieurs à la tradition symphonique moderne, aux œuvres oubliées, ainsi qu’à la musique de chambre dont il cultive les croisements avec l’orchestre. « Les musiciens de l’Orchestre de Paris, souligne-t-il, disposent d’une sensibilité qui transcende la rigueur de la structure. Un orchestre est une machinerie complexe : souvent, l’architecture et la synchronisation dévorent tout. Ici, les artistes possèdent cette intuition particulière, ce raffinement dans la musicalité qui m’émerveille à chaque fois. Une spontanéité qui permet d’être libre. Rien n’est plus beau que la liberté dans la musique, mais on ne l’atteint qu’au prix d’un travail acharné ! »
Pour cette seconde saison, Klaus Mäkelä a choisi de mettre l’accent sur les compositeurs d’aujourd’hui : Pascal Dusapin, Betsy Jolas, Jimmy López seront au programme des concerts qu’il dirige, mais aussi deux de ses compatriotes : Magnus Lindberg et Kaija Saariaho, cette dernière célébrée au fil de la saison avec trois œuvres. Salut aux Ballets russes également, avec trois partitions clés dans l’épopée de Diaghilev à Paris : Daphnis et Chloé de Ravel, L’Oiseau de feu puis Le Sacre du printemps de Stravinski. Sans oublier, bien sûr, les cathédrales symphoniques : de la Fantastique de Berlioz à la Symphonie no 7 « Leningrad » de Chostakovitch, en passant par Tchaïkovski (Symphonie no 6 « Pathétique »), Mahler (Symphonie no 2 « Résurrection »), Strauss (Ainsi parlait Zarathoustra)... Avec le plaisir de retrouver son instrument pour des aventures musicales plus intimistes et insolites. Ainsi le 12 février au Studio avec L’Essence de la musique, parcours sonore... et olfactif autour des Suites pour violoncelle seul de Bach, conçu avec Francis Kurkdjian, l’un des plus imaginatifs de nos créateurs de parfums – l’une des grandes passions de Klaus Mäkelä, qu’il considère comme un art parmi les plus subtils et exigeants. « Un bon concert, ce n’est pas forcément celui où l’on a aimé tout ce qu’on a entendu », nous rappelle le chef, sur ce ton de sagesse qui frappe toujours au regard de son allure juvénile ; « c’est celui où l’on est heureux d’être allé car il nous a beaucoup questionnés, étonnés, et dont on sort l’esprit bouillonnant de pensées et d’images ».