Cinq jours consacrés au cantor de Leipzig qui mettent l’accent sur sa musique soliste. Immense corpus où voisinent partitions célèbres et pages obscures, elle est en partie née des talents instrumentaux du compositeur, qui jouait admirablement du violon, de l’alto, de l’orgue et du clavecin. Laissant délibérément de côté les fameux recueils pour violon ou violoncelle solo, ce week-end «Solo Bach» propose une véritable exploration faite de pas de côté, de découvertes et d’examens approfondis. Le dimanche, quatorze heures durant, Olivier Latry et Thomas Ospital, secondés de leurs étudiants au CNSM, relèvent ainsi le défi d’une intégrale de l’œuvre pour orgue de Bach: chorals, préludes, fugues, toccatas, passacailles, fantaisies… s’y côtoient en un tourbillon d’œuvres sacrées et profanes. Toujours côté claviers, on entendra également, le dimanche, Víkingur Ólafsson: il interprète au piano les immenses Variations Goldberg.
Les instruments à cordes se plaisent aux transcriptions, telles celles pour luth et archiluth du récital de Thomas Dunford (que l’on doit au compositeur ou à l’interprète, suivant les morceaux) le dimanche, celles pour viole de gambe par Lucile Boulanger le samedi, ou celles pour contrebasse opérées par Florentin Ginot (le vendredi). Le récital de François Lazarevitch, lui, donne à entendre des pages directement écrites pour le traverso baroque. Comme Florentin Ginot ou Lucile Boulanger, il les met en regard avec des œuvres d’autres compositeurs, qu’ils soient prédécesseurs, contemporains ou successeurs directs de Bach. Heinrich Biber, Carl Friedrich Abel, C. P. E. Bach ou Georg Philipp Telemann se glissent ainsi dans leurs programmes de concert.
Mais le dialogue entre Bach et d’autres prend parfois des chemins moins directs. Florentin Ginot agrémente ainsi son récital d’improvisations, tandis que le chorégraphe Christos Papadopoulos propose un spectacle autour de L’Art de la fugue. Patricia Kopatchinskaja et les solistes de l’Ensemble intercontemporain, quant à eux, passent commande à des compositeurs d’aujourd’hui pour chanter la paix. Enfin, le Trio Ingres, les Arts florissants et Pygmalion viennent compléter ce temps fort Bach, les deux premiers au Musée de la musique, le dernier en concert dans un nouveau programme de cantates qu’il intitule «Temps et éternité».