L'organiste Olivier Latry, successeur de Pierre Cochereau à Notre Dame de Paris, inaugure le nouvel instrument de la Philharmonie.
Pour ce concert d’inauguration, Olivier Latry a choisi de mettre en valeur l’orgue par des transcriptions de pages célèbres. Qu’elles soient pianistiques ou orchestrales, celles-ci se parent de sonorités inédites grâce aux quelque 91 jeux du grand orgue Rieger de la Philharmonie, un orchestre à lui tout seul ! Et le cadre profane d’une salle de concert lui permet d’aborder ce répertoire virtuose et coloré.
On retrouvera avec plaisir les tourbillons sauvages de la Danse du sabre et l’incantation obsédante de la "Danse gitane" de L’Amour sorcier. La Légende de Saint François de Paule traversant le détroit de Messine en marchant sur les flots donne à entendre les pas assurés du saint homme dominant le grondement des vagues qui montent des profondeurs et se déchainent en tempête. Quant à la célèbre Danse macabre de Saint-Saëns, elle entraîne l’auditeur sur un rythme de valse, au son d’un triton diabolique évoquant un violon désaccordé, dans un sabbat époustouflant et une orgie de sonorités, jusqu’au chant du coq annonçant l’aube et la dispersion des spectres.
Pour faire découvrir l’orgue sous un autre jour, Olivier Latry a complété son programme par une œuvre contemporaine plus expérimentale, mêlant les timbres de l’instrument avec une source sonore électroacoustique à base de sons d’orgue enregistrés, transformés et mixés, et de sons de synthèse. Le compositeur américain James Mobberley définit Critical Mass (Masse critique) comme « la plus petite quantité de matière fissile suffisante pour provoquer une réaction en chaîne », et il ajoute : « cela me semblait un titre approprié pour cette pièce brève mais pleine d’énergie ». Cette œuvre est la sixième d’une série d’œuvres « mixtes » qu’il a composées pour divers instruments solos et enregistrement sur CD. À la pointe de la technologie, la machine-orgue y scintille de mille feux.