C’est avec Marie-Anne Loeper-Attia, conservatrice-restauratrice au Musée de la musique, que le département Médiathèque et Archives poursuit sa série ProPhil. Destinées à un public de lycéens, d’étudiants ou de simples curieux, ces courtes vidéos décrivent le contexte et les contours de différents métiers de la musique, à partir de témoignages de professionnels de la Philharmonie de Paris. Chaque portrait, filmé « en situation », illustre et complète de façon vivante et accessible la lecture d’une des fiches métiers éditées par le service Métiers et vie professionnelle. Ces vidéos prolongent les nombreuses rencontres professionnelles en ligne.
ProPhil #9 — Conservateur·rice – restaurateur·rice
Publié le 15 juillet 2025
Je suis Marie-Anne Loeper-Attia, conservateur - restaurateur au Musée de la musique de la Philharmonie de Paris.
Vos missions ?
On pourrait résumer mes interventions de la manière suivante
Une journée type ?
Il n'y a pas de journée type parce que chaque objet est différent, chaque demande est différente et à moi de m'adapter aussi en fonction des urgences, pour demain, pour la veille, pour après-demain. J'arrive tôt pour essayer justement d'organiser la journée, voir comment gérer le laboratoire. Et puis après vient le tout venant, les chercheurs à recevoir, les activités à monter avec les conservateurs, les restaurateurs extérieurs, les services des expositions temporaires et toutes les urgences qui s'ensuivent.
Pourquoi ce métier ?
Au départ, j'étais passionnée d'archéologie et donc tout ce qui recèle de l'histoire d'un objet, du passé, comment expliquer l'objet, comment retrouver l'histoire de l'objet… Et c'est aussi en cela qu'un instrument de musique est passionnant, parce que c'est à la fois un objet esthétique, c'est un instrument scientifique aussi –
Votre parcours
Mon parcours est assez compliqué. Au départ, j'avais commencé par des études de médecine et plutôt que de soigner des gens malades, j'ai décidé de soigner des objets malades. Donc j'ai fait des études d'égyptologie en parallèle à des études de sciences, une licence de chimie, puis j'ai intégré une école de conservation - restauration d'objets d'art. J'ai fait ensuite un DEA en archéologie, puis j'ai intégré un laboratoire de restauration d'objets archéologiques à Compiègne pendant une dizaine d'années. J'ai ensuite eu le poste de responsable de l'enseignement de la restauration du métal à l'Institut national du patrimoine. C'est un mi-temps et mon autre mi-temps, je le fais ici au Musée de la musique.
Quelles compétences ?
Déjà, il ne faut pas avoir deux mains gauches. Il faut quand même être relativement habile manuellement, même si ça s'apprend. Il faut être patient, il faut être calme, il faut être passionné. Et bien souvent, l'objectif est que notre travail ne soit pas vu, donc il faut rester assez humble par rapport à ce que l'on fait. Il faut avoir des connaissances scientifiques et techniques parce qu'un objet, c'est aussi un matériau qui vieillit. Donc comprendre le vieillissement des matériaux, comprendre les interactions à la fois mécaniques et physiques que cela suppose.
Vos interlocuteurs ?
Ma place dans le musée est à l'interface entre plusieurs spécialités, que ce soit les conservateurs du musée pour des projets de restauration, les communautés scientifiques extérieures, des muséographes ou commissaires d'exposition extérieurs. Au sein du musée, nous travaillons aussi avec d'autres services, que ce soit la régie des œuvres, que ce soit le service des expositions permanentes. Et enfin, nous accueillons de nombreux stagiaires.
Un objet ?
Tout d'abord, un tambour daïko, un tambour japonais, qu'on a retrouvé dans les réserves il y a quelques années, un peu par surprise. C'est un instrument qui est dans son état originel. Un autre instrument qui est assez complémentaire et qui montre bien la diversité de l'instrument de musique, c'est la croix sonore qui est un des ancêtres de la musique électronique.
Un conseil ?
Il faut avoir du courage, de la persévérance, parce que rien n'est gagné. Les places sont peu nombreuses en institutions, malheureusement. La plupart des gens travaillent en tant que profession libérale. Il faut également choisir une spécialité. Vous avez un enseignement qui se dispense dans quatre écoles en France pour pouvoir travailler sur les collections publiques, les musées de France