C’est avec Vincent Boyer, bibliothécaire musical à l’Orchestre de Paris, que le département Médiathèque et Archives poursuit sa série ProPhil. Destinées à un public de lycéens, d’étudiants ou de simples curieux, ces courtes vidéos décrivent le contexte et les contours de différents métiers de la musique, à partir de témoignages de professionnels de la Philharmonie de Paris. Chaque portrait, filmé « en situation », illustre et complète de façon vivante et accessible la lecture d’une des fiches métiers éditées par le service Métiers et vie professionnelle. Ces vidéos prolongent les nombreuses rencontres professionnelles en ligne.
ProPhil #10 — Bibliothécaire musical
Publié le 21 octobre 2025
Je m’appelle Vincent Boyer, bibliothécaire de l’Orchestre de Paris.
Vos missions ?
C’est principalement les commandes et les gestions des partitions. Ensuite, une préparation de la partition, mais aussi tout l’archivage qui est lié à ces missions afin de garder tous les documents qu’on a utilisés et qu’on va réutiliser régulièrement de saison en saison. La préparation des partitions consiste essentiellement dans le report des coups d’archet, qui sont des indications pour les cordes, qui doivent être alignés les uns aux autres. Le chef peut demander soit des indications de dynamique, des indications de battue ou alors des montages dans les partitions si certains chefs désirent supprimer certaines parties ou rajouter certains arrangements.
Une journée type ?
Il n'y a pas vraiment de journée type, mais généralement en amont, on fait une grosse préparation pour les saisons et pour la production. Au cours de l’année, on est chargé de la location ou de l’achat des partitions, de toute la gestion des contrats de location. Pour chaque série de concerts, nous devons assumer la préparation des partitions, préparer les pochettes de partitions qui sont l’éclatement des partitions pour chaque pupitre de musicien. Nous participons, bien sûr, à toutes les répétitions ce qui nous permet de nous assurer qu’il n’y a pas de problème de préparation et éventuellement des changements à faire dans les partitions au dernier moment ou s’il y a des soucis dans les partitions.
Pourquoi ce métier ?
Les motivations sont essentiellement le goût musical, mais aussi tous les artistes qu’on rencontre. Le relationnel avec les artistes est très important, on va avoir des échanges très profonds sur leurs problèmes personnels de techniques musicales, mais aussi tout ce qui touche au spectacle vivant. Il faut toujours être prêt à réagir à tous les changements possibles, y compris les changements de musicien de dernier moment.
Votre parcours ?
Je viens du monde de l'édition. J’ai été copiste indépendant pendant plusieurs années. À un moment de ma carrière, j’ai eu besoin de me rapprocher du spectacle vivant et des artistes. Pour ça, j’ai développé une expérience de terrain auprès de différents orchestres, avant d'intégrer l’Orchestre de Paris à la Philharmonie de Paris.
Quelles compétences ?
La principale compétence, c'est surtout évidemment une parfaite lecture de la partition, mais aussi une très bonne connaissance de l’histoire de la musique et de l’organologie qui est la science des instruments. Il faut aussi développer des connaissances dans le droit, particulièrement dans le droit d’auteur et le droit d’utilisation des partitions qui en découle. Il faut avoir des compétences relationnelles avec un ensemble de musiciens qui est, pour l’Orchestre de Paris, de 120 musiciens, mais aussi avec des artistes invités qui ont des demandes spécifiques chaque semaine. Ça nécessite beaucoup d’inventivité et d’imagination pour être réactif à toutes les situations qui se présentent.
Vos interlocuteurs ?
En dehors de l’orchestre, évidemment, qui est notre interlocuteur essentiel, nous travaillons beaucoup avec la production pour la préparation et des concerts et des tournées, aussi avec l’action culturelle, qui a souvent des besoins spécifiques en production, avec la direction technique et la régie, aussi bien la régie générale que la régie de plateau. À l’extérieur, nous travaillons essentiellement avec les agents artistiques, des artistes invités, avec les éditeurs. On a une collaboration assez fréquente avec les bibliothécaires à l’international pour échanger des informations sur la préparation des partitions.
Un objet ?
L’objet le plus symbolique de notre travail, ce sont les partitions qui sont particulières, comme celle de Yann Robin, qui se distingue non seulement par son titre « Monumenta », mais aussi par sa taille. Elle est assez difficile à manipuler, mais on y repère facilement les vagues musicales que le chef d’orchestre doit distinguer en priorité et annoter pour bien conduire la direction.
Un conseil ?
L’important, en dehors de très bonnes connaissances musicales, c’est d’avoir une culture générale pour avoir une bonne communication avec les interlocuteurs artistiques comme la production. Il faut évidemment favoriser les stages et la multiplication des expériences professionnelles et surtout développer un réseau pour connaître le milieu.