Les Buzzcocks ont été l’un des groupes les plus influents de toute l’histoire de l’Angleterre post-Beatles. Retour sur l'un des derniers concerts auquel participa Pete Shelley sur le sol français.
Pionniers de la vague 77, les Buzzcocks sont résolument à contre-courant des clichés et poses de la plupart de leurs congénères. Ces canailles survitaminées, originaires de Bolton, en banlieue de Manchester, ont de surcroît produit certaines pochettes parmi les plus belles à exposer, notamment en collaborant avec l’artiste Linder Sterling et le graphiste Malcolm Garrett. Une profusion d’images géométriques et colorées en pleine harmonie avec leur punk-pop mélodique, aux textes poignants et à l’énergie vivifiante, qui en fit l’un des groupes les plus influents de toute l’histoire de l’Angleterre post-Beatles.
Près de quarante ans plus tard, les silhouettes de Steve Diggle et de Pete Shelley, faux-jumeaux chanteurs et guitaristes, seuls membres d’origine encore présents, se sont certes un peu épaissies. Leurs chansons ont en revanche conservé intacte leur effervescence juvénile, surtout celles de leurs premiers singles et albums avant une longue pause de huit ans et une réjouissante reformation toutefois moins créative en 1989.
En attaquant leur set avec « Boredom », leur premier single de 1977, enchainé avec les impérissables « Fast Cars » et « I Don’t Mind », ils réveillaient en fanfare les vieilles âmes présentes dans la salle ainsi que leurs muscles endoloris, prêts à faire rebondir tout ça comme des balles en caoutchouc restées trop longtemps inertes. Beaucoup de groupes punk illustres nous ont infligé des retours de flamme embarrassants, ce ne fut jamais le cas des Buzzcocks, même après le départ de leur batteur John Maher, impeccablement remplacé par Danny Farrant, qui aurait largement eu sa place dans le Muppet Show. Avec le bassiste Chris Remington, le quatuor ressemble à un supersonique lancé à pleine vitesse dans la nuit, sans le moindre signe de faiblesse, même sur les titres plus récents qui n’ont pas la même force que les anciens. Sur les presque neuf minutes que dure « Harmony in My Head », qui passent pourtant comme un éclair, les chœurs du public valident cette constatation qu’une chanson des Buzzcocks reste incrustée à vie dans la mémoire. Le temps, en effet, n’a jamais eu raison de ces bijoux scintillants que sont « Fiction Romance », « Promises » ou « Ever Fallen in Love ». Ce concert possède une autre aura moins réjouissante, puisqu’il fut l’un des derniers en France avec Pete Shelley, disparu brutalement en 2018. Lorsqu’on apprit cette nouvelle déchirante, la réaction unanime fut comme la chanson qui termine ce set : Oh shit!