L’exposition Jamaica Jamaica ! résonne comme un cri, un appel pour cette musique qui fut caisse de résonance de la colère d’un peuple. Rencontre avec Sébastien Carayol, son commissaire.
Au milieu des Caraïbes, une île minuscule à peine plus grande que la Corse est devenue une exception absolue dans l’histoire de la musique. Donnant vie à l’un des courants musicaux majeurs de la deuxième moitié du XXe siècle, la Jamaïque est un iceberg tropical dont la partie émergée, le reggae de Bob Marley, dissimule une histoire qui va bien au-delà de la musique.
Trop souvent réduite à cette icône universelle, la musique jamaïcaine aux ramifi cations aussi vastes que le jazz ou le blues, et aux racines remontant au temps de l’esclavage, trouve ses sources dans des formes traditionnelles héritées de la colonisation des XVIIIe et XIXe siècles. Ses audacieuses inventions bricolées jadis dans les ghettos de Kingston ont jeté, dès les années 50, les bases de toutes les musiques urbaines contemporaines, invitant dans le vocabulaire musical d’aujourd’hui le DJ, le sound system, le remix, le dub…
Musique sacrée et musique profane ? Rurale et urbaine ? Musique du monde, musique mondialisée, l’exposition Jamaica Jamaica ! propose de rendre compte des multiples facettes de cette histoire relue au prisme des conflits post-coloniaux et des rencontres qui ont fait naître cette musique unique et universelle.