Lang Lang, Roberto Alagna, Anne-Sophie Mutter, Philippe Jaroussky… Stars internationales, ils ont débuté très jeunes leur carrière. À l’occasion du cycle Rising Stars, revenons sur leurs premières apparitions filmées.
Les premières apparitions télévisées
Max Emanuel Cenčić
À six ans, la voix du petit Max Emanuel Cenčić est encore hésitante, mais son agilité sidère. Nous sommes en 1983 à la télévision croate, il est accompagné par son père. Le jeune garçon rejoindra bientôt le prestigieux Chœur des Petits chanteurs de Vienne, avant d’enregistrer aux côtés de chefs comme Georg Solti ou Nikolaus Harnoncourt en tant que sopraniste. Après la mue de l’adolescence, il poursuit sa carrière en tant que contre-ténor, une voix toujours perchée sur les hauteurs, comme un souvenir d’enfance.
Yo-Yo Ma
Difficile de rêver meilleurs parrains ! Alors qu’il vit en France, le petit Yo-Yo Ma est repéré par le légendaire Pablo Casals. Introduit par Leonard Bernstein, le violoncelliste se produit ici à sept ans à la Maison-Blanche devant John Fitzgerald Kennedy (1962). Accompagné de sa sœur, le petit musicien interprète le Concertino n° 3 de Bréval. Un drôle de melting-pot que le chef américain décrit ainsi : une œuvre baroque française jouée par des musiciens chinois devant un président américain. Un état d’esprit qui restera celui du violoncelliste sino-américain, qui n’aura de cesse, adulte, de multiplier les projets avec des artistes d’autres cultures.
Lang Lang
À douze ans, Lang Lang n’est pas seulement un pianiste chinois très prometteur, c’est déjà une star en devenir. Son credo ? « Être le numéro 1 », « devenir le meilleur », répète-t-il dans cette interview. Son professeur est déjà stupéfait par ses interprétations personnelles. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’adolescent n’a pas menti : Lang Lang est bien aujourd’hui l’un des pianistes les plus célèbres et les plus virtuoses de la planète.
Roberto Alagna
Première apparition télévisée de notre Roberto national. L’image est un peu tremblante, mais la voix rayonne déjà d’une lumière irradiante dans cet air de Rossini. Le ténor gagnera certes en précision rythmique, mais aucun doute, ce chanteur a déjà du soleil dans la voix. Un parcours étonnant puisque Alagna est né dans une famille d’immigrés siciliens qui aimaient chanter. Après des spectacles de cabaret (il sortira même un 45 tours sur le label d’Eddie Barclay), il prend des cours de chant classique et remporte l’année suivante le Concours Pavarotti. Roberto Alagna est ici âgé de vingt-quatre ans.
La marche vers la célébrité
Yuja Wang
On la surnomme « Flying fingers » en raison de son agilité. Récemment, elle a même défrayé la chronique avec une interprétation virtuosissime de la Marche turque de Mozart visionnée plus de dix millions de fois sur Youtube. Mais cette dextérité n’est assurément pas le fruit du hasard. Ici, on voit la pianiste sino-américaine interpréter, à neuf ans, une étude de Carl Czerny, le pédagogue viennois. La pièce est jouée à un tempo modéré, mais est idéale pour apprendre à bien détacher les notes. Histoire de se faire la main pour l’avenir.
Joshua Bell
Le violoniste américain aux airs d’éternel adolescent a ici douze ans. Étudiant à l’Indiana University, c’est encore un jeune garçon qui balance entre la musique et le sport. Mais le petit Josh devra affronter quelques épreuves avant d’affirmer sa vocation. Notamment cette master-classe avec le mythique professeur Ivan Galamian, qui lui dit avec courtoisie que sa manière de tenir l’archet est… « mauvaise » (à 30’) !
Anna Netrebko
La soprano russe n’a pas toujours été cette star glamour. On la voit ici à dix-huit ans, très belle mais presque timide, partager la scène avec une de ses camarades de conservatoire. La voix, l’une des plus torrentielles d’aujourd’hui, est déjà là, mais reste en retrait dans ce duo de Tchaïkovski, comme si elle attendait l’opéra pour s’épanouir complètement. Comme quoi, être diva, cela s’apprend !
Les rencontres avec de grands chefs
Evgeny Kissin
Chef à la légendaire exigence, Herbert von Karajan n’en fut pas moins un grand découvreur de jeunes talents. En 1988, Evgeny Kissin a seize ans mais en paraît cinq de moins. Raide comme un piquet, il entre sur scène puis tient la main du vieux maestro pour monter sur l’estrade de la Philharmonie de Berlin. S’ensuit un incroyable Concerto n° 1 de Tchaïkovski, renversant de technique, d’inspiration et de musicalité. Karajan aurait dit à la mère de Kissin en désignant le pianiste russe : « Genius ! ».
Anne-Sophie Mutter
Autre « découverte » de Karajan, Anne-Sophie Mutter fut invitée à faire ses débuts avec les Berliner Philharmoniker en 1977. Ce premier concert fut le point de départ d’une longue et fructueuse collaboration, les deux musiciens gravant ensemble le premier disque de la violoniste chez Deutsche Grammophon. D’autres références suivront jusqu’à la mort du maestro en 1989. Les raisons d’une si longue entente avec un chef réputé colérique ? « Accepter qu’il ait toujours raison », dira la violoniste.
Une reconversion tardive
Philippe Jaroussky
La carrière du contre-ténor français est aujourd’hui bien connue. Issu d’une famille qui ne comptait pas de musiciens, Philippe Jaroussky commence par le violon à onze ans, avant de découvrir sa voie à près de dix-neuf ans. Outre son parcours relativement rare, il raconte ici avec sa modestie coutumière sa participation à un spectacle de son collège. Il a treize ans, un timbre de voix enchanteur, et déjà un immense naturel sur scène. Et la future star internationale d’expliquer qu’il n’éprouva aucun stress à se produire devant 1500 personnes !