Au Musée de la musique est conservé un étrange instrument, emblématique des musiques traditionnelles suédoises : un nyckelharpa. Voyage musical en terres nordiques.
Le nyckelharpa est un instrument à archet sur lequel la main gauche détermine la hauteur des notes grâce à un clavier muni de touches. C’est d’ailleurs de là que provient son nom : en suédois nyckel signifie « clé » ou « touche ». Il a également la particularité de disposer de cordes sympathiques : des cordes que le musicien ne touche jamais mais qui vibrent pourtant « par sympathie », c’est-à-dire indirectement*.
Le nyckelharpa est intimement lié à une pratique musicale de transmission orale et aux répertoires musicaux de Suède dits « traditionnels ». Dans ce pays, il est d’ailleurs considéré comme un emblème national et a figuré durant de nombreuses années sur les billets de banque. Alors que les premières traces du nyckelharpa remontent au 14e siècle, il est encore aujourd’hui très populaire en Suède et même à travers le monde. Au cours du temps, l’instrument a évolué de multiples manières, constituant aujourd’hui une famille riche et diversifiée.
Le Musée instrumental du Conservatoire a acquis ce nyckelharpa en 1900. Il avait auparavant appartenu à une branche parisienne de la famille Thibout, spécialisée dans la facture de piano, qui l’avait présenté aux Expositions universelles de 1889 et 1900 à Paris. Ce n’est pourtant que récemment qu’il a fait l’objet d’une étude approfondie dans le cadre du master de recherche deLouise Condi, associant l’UFR de Musique et Musicologie de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et le Musée de la musique. Cette étude a révélé qu’il s’agissait en réalité d’un kontrabasharpa, une forme de nyckelharpa apparue au 18e siècle, dont certaines des touches permettent de modifier la longueur vibrante de deux cordes simultanément, favorisant un jeu polyphonique.
Des exemples récents de jeu de kontrabasharpas :