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Klaus Mäkelä : « Pour un développement artistique durable ! »

Publié le 09 septembre 2021 — par Vincent Agrech

— Klaus Mäkelä - © J.Bonnet

Conseiller musical de l’Orchestre de Paris depuis un an, Klaus Mäkelä devient son huitième directeur musical en septembre 2021. Cette saison marque aussi la véritable rencontre entre le public de la Philharmonie et un chef apparu sur la scène internationale il y a trois ans seulement. Faisons connaissance !
— Klaus Mäkelä - Béla Bartók : Le Mandarin merveilleux

Retrouvez le concert en intégralité sur Philharmonie Live

Vincent Agrech

Vos parents étant eux-mêmes instrumentistes, on imagine votre enfance baignée de musique…

Klaus Mäkelä

Il y a plein de manières de devenir musicien ! J’ai eu la chance d’y avoir accès dès le plus jeune âge, et mes tout premiers souvenirs, ce sont les disques qui passaient à la maison, et mes parents répétant tous les deux, mon père au violoncelle, ma mère au piano. Mais le plus important, c’est d’avoir toujours été encouragé, jamais poussé. Toutes les familles de musiciens sont différentes, la mienne a toujours respecté mes choix et ma passion.

— Klaus Mäkelä - © M.Benguigui
 

Vous souvenez-vous des premières œuvres entendues ?

K. M. : Bien sûr ! Mon premier amour était Mozart ; il l’est resté. Un jour, mon père a rapporté un enregistrement de la Symphonie no 39 en mi bémol majeur. Je l’ai écouté en boucle. L’opéra m’a aussi beaucoup influencé. À 7 ans, l’âge d’entrée à l’école primaire en Finlande, j’ai rejoint le Chœur d’enfants de l’Opéra national, et me suis immergé dans le répertoire lyrique. Car nous ne chantions pas seulement Tosca, La Bohème ou Carmen, il y avait aussi des œuvres plutôt… hardcore : Boris GodounovLa Khovanchtchina, La Femme sans ombre. Tous ces univers littéraires et théâtraux m’ont profondément impressionné, et fait grandir. La structuration de ma pensée musicale, c’est cependant d’abord au violoncelle que je la dois. Pour diriger un orchestre de haut niveau, il me semble nécessaire d’être soi-même instrumentiste. Prétendre sans cela guider les autres serait absurde, voire immoral.

« Comme le disait le premier violon du Quatuor Guarneri : Diriger, c’est donner une impulsion très forte, puis écouter. »

— Klaus Mäkelä - Bruckner : Symphonie n ° 9

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Pourquoi le choix de cet instrument ? L’influence familiale, encore ?

K. M. : Certainement, celle de mon père, mais aussi de mon oncle maternel. Dotés de personnalités très différentes, l’un et l’autre ont incarné des modèles. Avec le recul, cela me paraît un bon choix. Les violoncellistes sont souvent des gens assez détendus, mais d’une grande exigence. Leur instrument permet d’accéder à deux des trois piliers de la musique : la mélodie et la basse. J’admets que c’est un peu plus compliqué pour l’harmonie ! Et le répertoire est immense, car au-delà du domaine symphonique, il y a tous les trésors de la musique de chambre, en particulier le quatuor à cordes, que j’ai abondamment pratiqué étant jeune – plus maintenant hélas, avec la vieillesse, il faut faire des choix ! Plus sérieusement, on n’insistera jamais assez sur l’aspect fondamental de cette connaissance du quatuor pour les chefs, par la complexité structurelle qu’il suppose de maîtriser, son alliance de puissance intellectuelle et de suggestion poétique. L’un des plus beaux miracles d’une formation symphonique, c’est de retrouver la liberté de jouer malgré les contraintes du grand effectif. Les musiciens de l’Orchestre de Paris n’ont pas besoin de vous regarder battre la mesure en permanence. Au-delà de la synchronisation, ils attendent que vous leur proposiez ces visions, ces images nouvelles que la musique de chambre apprend à aller chercher au fond de soi.

Propos recueillis par Vincent Agrech

Lire l'entretien complet dans le magazine Notations

Vincent Agrech
Vincent Agrech est journaliste (rédacteur associé du mensuel Diapason, rédacteur en chef de Notations, le magazine de l'Orchestre de Paris), essayiste (plusieurs ouvrages parus chez Stock et Humensis), conseiller du Théâtre du Château de Drottningholm (Suède) et producteur.