En s’approchant, en regardant de près, il est possible d'apprécier des spécificités de façonnage qui peuvent nous renseigner sur un archetier, une époque, un instrument ou une technique de jeu. Observons ensemble ces différents éléments, grâce à des macrophotographies d’archets de la collection du Musée de la musique...
Commençons par cet archet de François-Xavier Tourte datant du XVIIIe siècle. Pouvant être joué sur un violon ou un dessus de viole, il fait partie des rares pièces parvenues jusqu’à nous en bon état de conservation et présentant toujours leurs parties originales après plus de 200 ans d’existence. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle cet archet est remarquable. Son auteur, François-Xavier Tourte, est un archetier très important : il a fixé les contours de l’archet moderne qui sont toujours en vigueur aujourd’hui et il est parfois surnommé le « Stradivarius de l'archet ». Les archets cannelés de François-Xavier Tourte sont extrêmement rares. Sur la baguette, en bois de Pernambouc, on peut suivre les cannelures (fines rainures sur chacune des faces de la baguette) qui se développent en lignes courbes au niveau de la tête jusqu’à son extrémité.
Un archet se compose de plusieurs parties, qui ont toutes un rôle et des spécificités. Tout d’abord, la tête : elle se trouve à l’extrémité supérieure de la baguette. Apprendre à regarder les têtes d’archets permet d’apprécier les similitudes et différences de leur façonnage. Elles peuvent nous renseigner sur un archetier, une époque, un instrument, une technique de jeu.
La hausse, qui se situe dans la première partie basse de l’archet, est une pièce fondamentale, car elle assure à la fois la mise en tension de la mèche de crins et un écartement suffisant entre celle-ci et la baguette. C’est sur, contre ou proche d’elle que l’on mettra la main pour tenir l’archet lorsque l’on joue.
Il existe trois systèmes pour gérer la tension de la mèche de crins : la hausse « coincée », la hausse « à crémaillère », et la hausse « à vis », où la tension peut être ajustée très finement en tournant le bouton à l'extrémité de la baguette. C'est le système principalement utilisé aujourd'hui.
La baguette, cette longue et fine pièce de bois se terminant à l’extrémité de la tête, est essentielle à l’archet. C'est sur la baguette que l’on peut observer le cannelage, si représentatif des archets de la période baroque. Les cannelures varient suivant les styles et les archetiers : évidées, en épaisseur, fines, larges, superficielles, profondes… Grâce à la macrophotographie on peut les regarder plus en détail et l’on peut notamment deviner la forme de l’outil et la manière de l’utiliser pour les façonner.
Le bouton est la partie située à l’extrémité inférieure de l'archet. Monté sur une vis, il peut être fabriqué en différents matériaux : ivoire, os, corne, bois, métal. Le bouton a plusieurs fonctions. D’abord décoratif, il permet d’embellir un archet et nous permet de reconnaitre un style, un auteur. Il est aussi étroitement lié à la mécanique de l’archet puisque c’est en le faisant tourner que l’on pourra tendre et détendre les crins. Enfin, pour ce qui est de la construction, le bouton permet à l’archetier, en faisant varier son poids, de contribuer à obtenir le point d’équilibre souhaité sur l’archet.