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Barbara chantée par les autres

Publié le 29 novembre 2017 — par Michel Tolila

— Cora Vaucaire - © Studio Harcourt / Wiki Commons

Au cours des années qui suivent la mort de Barbara, beaucoup reprennent ses titres. Si ces reprises sont loin d’être convaincantes, certaines chansons originales évoquant l’artiste disparue endossent le statut de véritables perles.

Évoquer Barbara reprise par d’autres interprètes, c’est s’exposer de front à deux écueils. D’abord, ne pas plaire à ceux qui pensent que ses chansons sont très intimes et liées à sa personnalité, et donc que personne ne peut mieux les chanter qu’elle. Ils ont raison, mais l’œuvre de Barbara est vivante, mouvante, et inaltérable. Il faut laisser les nouvelles générations s’emparer de ce répertoire, même si, trop souvent, leur interprétation n’a pas grand intérêt. Ensuite, la liste de celles et ceux qui ont repris Barbara est si longue – surtout en ces temps commémoratifs – que l’on est contraint de faire un tri. On ne retrouvera ici que quelques exemples, la plupart réussis, mais sans viser à quelque exhaustivité que ce soit.

Il ne faut pas croire que les reprises de chansons de Barbara ont commencé à sa disparition. Avant 1997, il y eut quelques belles réussites. 1964 et 1965 seront les années des plus significatives : Jean-Claude Pascal reprend « Göttingen » et « Septembre », Mouloudji reprend, tout comme Eva, « Dis, quand reviendras-tu ? », auquel Eva ajoute « Attendez que ma joie revienne », et s’offre Barbara comme choriste de luxe sur « Pluie et whisky ». N’oublions pas la version réussie de « Drouot » par Cora Vaucaire, blonde vêtue de blanc reprenant la dame brune…

Dans les mois qui suivent la disparition de Barbara, une des plus belles reprises est proposée par Muriel Robin aux Enfoirés, où elle chante seule « Ma plus belle histoire d’amour » avec une émotion qui lui brise un peu la voix.

En 2001, la première à oser un disque et un spectacle entiers à Barbara sera Marie-Paule Belle, qui saura respecter les versions originales en se les appropriant.

Au cours des années qui suivent, beaucoup reprennent, le plus souvent sur scène, une chanson de Barbara. À les écouter, on croirait qu’elle n’a jamais chanté que deux chansons, « Dis, quand reviendras-tu ? » et « L’Aigle noir ». On m’excusera de ne pas les évoquer davantage. Citons plutôt quelques raretés, qui peuvent être écoutées avec plaisir. En français, les belles reprises de Lou Casa, dont un « Perlimpinpin » de haut vol en 2016, celles de Camille Simeray et Sam Burguière (album Du bout des lèvres) en 2012, et les deux albums de Mathieu Rosaz en 2002 et 2012. En anglais « Incestuous love » par Marc Almond en 1993, en catalan « L’aquila negra » de Maria del Mar Bonet (1990), et surtout « Contra qui, fins quan i per qué » (« Perlimpinpin ») par Lluis Llach lors de son concert d’adieu en 2007. Sans oublier une version orchestrale jubilatoire de « Une petite cantate » par la fanfare municipale de Santiago de Cuba, enregistrée le 10 décembre 1997, deux semaines à peine après la disparition de Barbara.

— Lou Casa - Perlimpinpin

Enfin, on ne saurait évoquer les meilleures reprises de Barbara sans citer le spectacle et le disque de Gérard Depardieu en 2017. Sans doute le plus fort, le plus émouvant, le plus déchirant des hommages qui lui ont été rendus depuis vingt ans. Au théâtre des Bouffes-du-Nord, au printemps 2017, l’amour de Barbara a balayé toutes les réticences.

À côté des très nombreuses reprises de Barbara, qui sont loin d’être toutes indispensables, il faut dire quelques mots des petites pépites que sont les chansons originales évoquant Barbara. Citons-en trois. Liane Foly qui, en 1998, écrit et chante dans « Dame brune » : « Ma plus belle histoire d’amour, c’est elle/ Dame brune intemporelle » ; Marie-Paule Belle en 2005 dans « Une autre lumière » : « Comme toi, je ne sais pas dire  'je t’aime'/ Mais à ma façon/ J’ai voulu te le dire quand même/ Dans une chanson » ; Serge Lama en 1998 dans « L’orgue de Barbara » : « Lorsque l’orgue de Barbarie/ Couvre les mots de Barbara/ qui chante d’une voix meurtrie/ Le sursis dont elle ne veut pas ».

— Une autre lumière (Hommage à Barbara)