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Bowie, made in France

Publié le 12 février 2015 — par David Sanson

— David Bowie - Low (1977) - © DR

Que ce soit au Golf Drouot, au château d’Hérouville ou à l’hippodrome d’Auteuil, David Bowie a noué des liens étroits avec la France dès le milieu des années 1960.

On imagine que David Bowie — qui, trois mois plus tôt, se faisait encore appeler Davy Jones — était ému lorsque le 31 décembre 1965, quelques jours avant son dix-neuvième anniversaire, il foula la scène du Golf Drouot à Paris, accompagné de son groupe The Lower Third, et partageant l’affiche avec Arthur Brown. Le fait que le tout premier concert à l’étranger de sa carrière ait lieu à Paris, à quelques centaines de mètres de la butte Montmartre, a en effet dû réjouir ce grand amateur d’Édith Piaf, qui a souvent clamé sa fascination pour la glorieuse époque du cabaret Le Chat Noir — cet endroit « où les artistes se mêlaient aux bandits, où des paroles puissantes mariées à de superbes mélodies ont transformé la chanson populaire », ainsi qu’il l’expliquait à Jérôme Soligny, en 2011, dans les colonnes de Rock & Folk...

David Bowie se rendra à nouveau en France lors de la décennie suivante : cette fois, c’est au château d’Hérouville — cette gentilhommière du XVIIIe siècle, située près de Pontoise, que le compositeur Michel Magne avait transformée en studio d’enregistrement, inaugurant la vogue des studios résidentiels. C’est là qu’en juillet 1973, succédant à Pink Floyd, Rod Stewart, Elton John, Cat Stevens ou Marc Bolan, il enregistre le florilège de reprises qui compose son album Pin Ups. Bowie retournera à Hérouville trois ans plus tard, en septembre 1976, pour y graver, avec Tony Visconti et Brian Eno, la première face du mythique Low, onzième album et premier volet de la trilogie dite « berlinoise ». Un album sombre qui bénéficie peut-être de l’atmosphère de ce château que l’on dit hanté (comme l’était Haddon Hall, la demeure victorienne où Bowie avait composé ses premiers albums) : « J’avais la chambre principale, raconte Visconti, parce que David n’en avait pas voulu. On avait entendu dire que les fantômes de Frédéric Chopin et George Sand la hantaient. Je dois dire que c’était une pièce étrange. Il y avait un coin qui donnait l’impression d’absorber toute la lumière. Il était tout froid, toujours sombre. Mais Brian Eno couchait dans une autre aile du château, et affirmait que, chaque nuit, il était réveillé par une tape ferme sur l’épaule. Quand il se réveillait, il n’y avait personne... »

Au début des années 1980, la France succombera comme les autres à la « Bowiemania » : les deux concerts du Serious Moonlight Tour donnés en juin 1983 à l’hippodrome d’Auteuil rassemblent chaque soir 100 000 spectateurs. C’est enfin à Paris, sur un bateau descendant la Seine, qu’en octobre 1991, David Bowie a demandé en mariage le top-model Iman Mohamed Abdulmajid, qu’il a épousé quelques mois plus tard.

David Sanson