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Vince, Ziggy, David...

Publié le 28 mai 2015 — par Francis Dordor

© DR

Au début des années 1970, David Bowie semble vivre une forme aiguë de caméléonisme avec, à chaque nouvelle métamorphose, chaque nouveau look, sa musique.

« C’est simple, David a toujours été plus heureux en jouant un rôle qu’en étant lui-même. » L’assertion ne souffre guère la contestation, s’agissant du chanteur le plus théâtral de l’histoire. D’autant qu’elle émane d’une certaine Dana Gillespie, elle-même actrice et chanteuse, qui fut une proche de David Bowie au début des années 1970.

Rétrospectivement, il paraît logique le succès soit venu en 1972 avec le personnage de Ziggy Stardust, héros d’un mini-opéra rock, The Rise & Fall of Ziggy Stardust, et objet d’un transfert de personnalité dont Bowie allait faire un mode opératoire une partie de sa carrière. Pour évoquer la résistible ascension de ce Ziggy poussière d’étoile, Bowie s’est inspiré de la trajectoire météorique d’un certain Brian Holden, mieux connu sous le pseudonyme de Vince Taylor, rock star éphémère dans les années 1960, en particulier en France où il était considéré comme le seul véritable rival de Johnny Hallyday. Vêtu d’un costume de cuir noir, une chaîne en or autour du cou, Taylor présentait les attributs d’une nouvelle race d’artiste, entre le playboy et le mauvais garçon, à l’opposé des gentils yéyés. Promis à une brillante carrière, il ne fut au final qu’une péripétie de l’histoire, même si une évidente fascination continue de s’exercer autour de son cas, à en juger par la récente parution de deux biographies, dont une romancée, et d’une bande dessinée1.

— Vince Taylor - Shaking All Over

Quand, au milieu des années 1960, David Bowie rencontre Vince Taylor à Londres (certains prétendent que c’est à Paris), ce dernier fait part à son compatriote de son obsession pour les OVNIs. Serait-ce là l’origine de la dimension science-fictionesque de l’histoire de Ziggy Stardust et de son groupe, The Spiders From Mars (les araignées de Mars) ? La suite des aventures de Vince s’apparente en tout cas à un authentique crash. Alcoolique et consommateur boulimique de LSD, il est interné dans différents hôpitaux psychiatriques et centres de désintoxication. En 1980, le groupe punk Clash reprend son titre le plus célèbre, « Brand New Cadillac ». Taylor en profite pour faire un bref retour sur scène. Mais ses derniers concerts font peine à voir et à entendre. Les cheveux longs, enveloppé dans un drap blanc, il prétend être la réincarnation de Matthieu l’Évangéliste. Il décède le 27 août 1991 à Lutry, en Suisse, des suites d’un cancer. Il a 52 ans. Poussière d’étoile.
 


1 Fabrice Gaignault, Vie et mort de Vince Taylor, Paris, Fayard, 2014; Jean Michel Esperet, Le Dernier come back de Vince Taylor, Orléans, L’Écarlate, 2013; Maxime Schmitt et Giaccomo Nani, Vince Taylor n’existe pas, Paris, Éditions de l’Olivier, 2014.

Francis Dordor

Francis Dordor est journaliste musical, ancien rédacteur en chef du mensuel Best et reporter à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles. Il est l’auteur de plusieurs biographies - dont celle consacrée à Bob Marley, et de Disquaires, une histoire – La passion du vinyle (2021).